Nous recevons souvent des leçons de bonne gestion, mais la France fait de plus en plus appel à des emprunts indexés sur l'inflation – cela revient assez régulièrement dans le débat public depuis quelques semaines, ce qui est d'ailleurs une bonne chose. On a commencé à le faire quand Emmanuel Macron était ministre des finances. Depuis 2014, environ 150 milliards d'euros d'emprunts ont été indexés sur l'inflation, ce qui coûte cher à la France – 5,5 milliards d'euros supplémentaires en 2021.
Une vraie question se pose : pourquoi a-t-on fait cela, en particulier il y a cinq ou six ans, alors qu'on empruntait à des taux quasiment négatifs ? Pour qu'un emprunt indexé sur l'inflation soit préférable à un emprunt classique, il faudrait que le taux d'inflation reste à peu près à 1,5 % pendant dix ans, ce qui n'était pas possible. Pourquoi a-t-on fait cela et pourquoi continue-t-on à le faire ? Je ne suis pas sûr, même si cela fait l'objet d'un débat, que l'inflation ne restera pas à des niveaux assez hauts pendant plusieurs années, ce qui grèvera encore plus notre budget.
C'est un gain pour ceux à qui on emprunte, mais pas du tout pour la France. Cela représentera, en effet, 15 milliards d'euros de dépenses en plus en 2022, c'est-à-dire l'équivalent de ce qui manque dans le cadre de votre réforme des retraites. Le coût pour les finances publiques, qui est considérable, n'a pas de sens, et c'était encore plus vrai au début du quinquennat Macron. Nous demandons donc un rapport sur cette question. Il faut apporter des réponses aux Français, qui se demandent assez légitimement pourquoi on a fait ce pari perdu d'avance pour tout le monde, sauf pour ceux à qui on empruntait.