Intervention de Alain Vidalies

Réunion du jeudi 11 mai 2023 à 9h00
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Alain Vidalies, ancien secrétaire d'État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche :

Si cette solution avait dû être mise en œuvre, il aurait fallu qu'elle intervienne dans un climat apaisé. Or la manière dont Uber s'est comporté vis-à-vis des pouvoirs publics a engendré une situation conflictuelle permanente. Ensuite, même lorsque j'ai suggéré la proposition que je viens d'évoquer, la décision des chauffeurs de taxi de ne pas y répondre favorablement était compréhensible, compte tenu de la question patrimoniale, que je n'avais pas totalement prise en compte. Or celle-ci était essentielle pour eux.

Le dernier incident majeur suscité par Uber est intervenu lorsque la chambre des métiers et de l'artisanat a été choisie pour organiser les examens. Les parlementaires et le Président de la République ont reçu une lettre enflammée de la part des plateformes, à l'initiative d'Uber, qui criaient au scandale, considérant que les taxis avaient la main mise pour organiser les examens des VTC. Je ne comprenais pas ce déferlement, dans la mesure où les chambres des métiers et de l'artisanat organisent déjà des concours de cuisiniers ou de plâtriers par exemple. Elles me semblaient donc légitimes pour organiser les concours concernant les chauffeurs de VTC.

J'ignorais que cette réaction était liée au fait que M. Alain Griset, le président de la chambre nationale des métiers et de l'artisanat était lui-même chauffeur de taxi. Il est devenu ensuite ministre sous Emmanuel Macron. C'était donc lui qui était l'objet de la vindicte d'Uber, dont la réaction était totalement déraisonnable et outrancière. Cette bataille contre les chambres de métiers a fait l'objet d'un amendement inspiré par Uber à l'Assemblée et au Sénat et même d'une espèce de limitation du pouvoir législatif dans un projet d'acte réglementaire. En effet, quand le décret d'application est arrivé au Conseil d'État, le haut fonctionnaire qui nous représentait dans la préparation du texte m'a fait savoir que le rapporteur du Conseil d'État voulait limiter la compétence à dix-huit mois. Cela ne s'est naturellement pas fait. Cet épisode témoigne néanmoins du climat de l'époque et de l'énervement, le mot est faible, d'Uber sur cette question.

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