Vous avez affirmé votre volonté d'apaisement des mémoires par la culture et votre attachement à la liberté d'expression. Notre collègue Jean-Louis Thiériot a déposé le 10 mai dernier une proposition de loi visant à protéger l'intégrité des œuvres des réécritures idéologiques après la mort de leur auteur. C'est que dans les pays anglo-saxons des œuvres de Ian Fleming ont été amputées de passages jugés racistes, des passages jugés offensants retirés d'un ouvrage de Roald Dahl, et que des sensitivy readers sont payés pour débusquer ce qui pourrait blesser les minorités ethniques ou sexuelles. La France ne connaît pas cette pratique qui découle de la pression du mouvement « wokiste » et de la cancel culture, à l'exception peut-être du changement de titre du livre d'Agatha Christie, Dix Petits Nègres, renommé Ils étaient dix. Mais le flou juridique actuel pourrait rendre possible ce qui s'assimilerait à une forme de censure. Aussi, notre collègue propose de compléter le code de la propriété intellectuelle par la mention que le droit de repentir et de retrait ne peut être exercé que par l'auteur et qu'il est intransmissible à ses héritiers. Que pensez-vous de cette initiative ?