Monsieur le député, votre question relative aux conteneurs vides est tout à fait pertinente. Le conteneur vide est la propriété de la compagnie maritime, c'est un outil. Sa première vocation est d'être réutilisé. Il est utilisé pour transporter des marchandises d'un point A à un point B, mais il sera également réutilisé pendant peut-être dix ans et passera sa vie à transporter des marchandises dans le monde. Dans une année, un conteneur peut effectuer cinq voyages pleins. Tout port qui se retrouve avec un surplus, un déséquilibre, et dans le cas de La Réunion de nombreux imports et très peu d'exports, se retrouve finalement avec un fardeau de conteneurs vides pour l'armateur qui va devoir venir les chercher. Celui-ci ne sera pas payé et devra payer des coûts d'exploitation. Recharger ses conteneurs vides sur un bateau coûte de l'argent en effet. Il faut payer un manutentionnaire. Il faudra ensuite les amener dans un port à travers le monde où on aura besoin de ces conteneurs. Il faudra encore payer pour décharger le navire, puis les mettre à disposition d'un utilisateur potentiel du conteneur. En effet, tout conteneur qui quitte un port vide représente un coût pour un armateur.
Dans le cas de l'île de La Réunion, nous avons un écart de presque un pour dix –peut-être un conteneur export pour dix conteneurs import. L'ordre de grandeur des coûts est considérable. Nous revenons malheureusement un peu sur ce que j'ai pu notifier au départ. Nous escalons dans un port par rapport à l'activité que peut drainer ce port. Cette activité que draine le port est la compétition qui l'entoure impliquant la fixation d'un prix de marché, et des coûts qui ne sont pas forcément en ligne avec le prix du marché auquel nous pouvons vendre, parce que nous sommes dans une industrie qui, à l'image d'autres commodités comme le pétrole, comme les céréales ou des minerais, dépend d'un prix de marché et ne dépend pas d'un mécanisme de prix qui s'appuierait sur un coût plus une marge. Ainsi que M. Vidil l'a affirmé auparavant, une ligne maritime ne se limite pas au voyage d'un point A à un point B, c'est un ensemble de points. La manière dont nous desservons La Réunion, par exemple, consiste à escaler dans différents ports en Europe du Nord, dans quelques ports en Europe du Sud, puis à nous rendre dans l'océan Indien et enfin à partir vers l'Australie. Quelque part, le mélange des flux entre ces points, à sa manière unique par rapport à la ligne qui exploite le service en question, va déterminer ou non la profitabilité de l'exploitation de cette ligne. Une fois de plus, vous obtiendrez un prix de marché décorrélé du coût d'exploitation du navire, aucune similarité ne ressortant dans la manière d'exploiter les services.
Quant à votre question sur les variations de prix au cours des trois dernières années, je suis désolé, je ne serai pas en mesure de vous donner une telle évolution dans l'instant. Il est évident que les prix ont augmenté dans l'océan Indien au cours des deux dernières années. Ils sont aujourd'hui de nouveau à leur niveau précédant la pandémie de Covid-19. Pour vous donner un ordre de grandeur, le prix de marché actuel pour un conteneur sera légèrement inférieur à 2 000 euros lorsqu'au plus fort de la crise, nous étions peut-être arrivés à 2 400 euros. Il est possible d'évoquer une baisse de 40 % sur un taux de fret, il s'agit toutefois d'un tout petit élément de prix. Ainsi que j'ai pu le mentionner précédemment, transporter un conteneur depuis une région de France par la route pour qu'il puisse aller vers Fos-sur-Mer ou vers Le Havre à destination de La Réunion coûte aussi cher, pour des conteneurs qui, bien entendu, ont une valeur de marchandises de plusieurs dizaines de milliers, voire de centaines de milliers d'euros. Il est essentiel de bien intégrer que la part du fret dans cet élément est modique. Si je peux me permettre une comparaison, lors de la crise de la Covid-19 sur le marché entre l'Asie du Sud-Est et l'Europe, les prix alors en vigueur étaient de l'ordre de 20 000 euros. Vous comprendrez bien que pour nous, les DOM-TOM ont été plus que protégés de cette crise de la Covid-19, de cette crise logistique largement évoquée par tous.