Depuis le 15 avril, les violents affrontements qui ont éclaté entre l'armée régulière soudanaise et les paramilitaires des FSR sont d'une gravité sans commune mesure. En un mois, l'ONU dénombre plus de 750 morts, 6 000 blessés et 700 000 déplacés. Dans cette guerre des généraux qui a anéanti l'espoir d'une transition démocratique, les populations demeurent les premières victimes. L'aide humanitaire peine à leur parvenir. L'ONG Médecins Sans Frontières évoque l'évacuation périlleuse de blessés et de personnels soignants, la fermeture de 70 % des hôpitaux de Khartoum et des réapprovisionnements incertains. L'ONU, par la voix de son secrétaire général, a condamné le pillage à grande échelle des organisations humanitaires et des programmes d'aide alimentaire.
Cependant, les condamnations demeurent bien insuffisantes au vu de l'ampleur du désastre humanitaire. Les rares cessez-le-feu se succèdent et se ressemblent. Le conflit ne cesse de s'envenimer, laissant craindre une « somalisation » du Soudan.
Or, quels acteurs régionaux et internationaux peuvent représenter un tiers crédible afin de mettre fin à cette escalade de la violence ?
L'Union européenne ? Elle a fait de la lutte contre les flux migratoires son cheval de bataille au détriment de la protection des peuples et a affaibli sa position en devenant sujette au chantage du régime de Bechir quant au contrôle de ses frontières.
L'Égypte ? Si elle apporte un soutien à Khartoum, c'est pour servir ses intérêts hydrauliques vis-à-vis de l'Éthiopie.
Les Émirats arabes unis ? Ils lorgnent les côtes soudanaises de la mer rouge.
Les pays proches de la région du Sahel, qui craignent de nouvelles déstabilisations ?
Quant à la France, quel rôle peut-elle jouer désormais ? Il y a urgence à agir. L'espoir d'un renouveau démocratique, réclamé par les populations avant l'éviction du régime el-Bechir, s'éteint progressivement dans l'indifférence de la communauté internationale.