Merci beaucoup pour cet accueil très chaleureux. Je suis ravie d'être parmi vous aujourd'hui. Quel privilège de me trouver aujourd'hui dans ce bâtiment historique, contrastant par son calme avec l'effervescence du Palais Bourbon, et aussi pour ce que votre salle représente : la prestigieuse liste des présidents de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale en témoigne, de Valéry Giscard d'Estaing à Édouard Balladur jusqu'à vous, monsieur le président Bourlanges.
Comme vous l'avez exprimé, nous sommes à un moment positif de notre histoire. Bien que nos relations n'aient pas toujours été simples ces dernières années, je voudrais souligner trois évènements en particulier qui me donnent confiance sur le fait que nous abordons un nouveau chapitre entre le Royaume-Uni et la France.
Tout d'abord, le week-end dernier, le couronnement de notre roi a été célébré avec éclat au Royaume-Uni et suivi avec grand intérêt par 9 millions de Français dans nombre de vos circonscriptions. Cet évènement nous rappelle la force des liens entre nos peuples, que ce soit en temps de guerre ou en temps de célébration. Notre roi couronné, nous l'espérons, viendra bientôt en France.
Sur le plan politique, l'accord de Windsor constitue également un moment-clé. Il permet de résoudre les problèmes liés à l'ancien protocole nord-irlandais et il a montré la volonté d'améliorer durablement les relations entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
Enfin, en ce qui concerne les relations bilatérales entre le Royaume-Uni et la France, le sommet franco-britannique du 10 mars dernier, le premier depuis cinq ans, nous a permis d'avancer dans des domaines essentiels. Ce sommet a débouché sur une déclaration conjointe couvrant toute l'étendue des relations, de la formation des soldats ukrainiens à la création d'un prix littéraire, d'un nouveau partenariat énergétique au renforcement de notre coopération contre l'immigration clandestine, qui demeure une priorité absolue du gouvernement britannique. Les résultats de ce sommet constituent la base du renouvellement de notre partenariat. C'est l'illustration d'une volonté commune de dialoguer sur tous les fronts, d'améliorer notre coordination et de construire ensemble de nouvelles perspectives.
Ce n'est que le début d'un nouveau chapitre de nos relations et il nous reste encore beaucoup à faire. Les défis auxquels nous sommes confrontés dans le monde nous rappellent chaque jour pourquoi il est si important que nous y parvenions.
Je souhaite également vous parler du travail que le Royaume-Uni effectue, souvent avec la France, en matière d'affaires étrangères. Chaque jour, nos deux pays travaillent ensemble, de manière bilatérale, au Conseil de sécurité des Nations Unies, à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), au sein du groupe des sept pays les plus développés et industrialisés (G7) et du groupe des vingt économies les plus importantes de la planète (G20). La force de ce partenariat est importante et compte dans le monde, qu'il s'agisse de défendre l'Ukraine et de veiller à ce que la guerre d'agression de Poutine échoue, d'empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire, de protéger nos citoyens et les populations du monde entier contre les terroristes ou les acteurs malveillants comme Wagner ou de réagir ensemble lorsque des crises éclatent, comme nous l'avons fait au Soudan ces dernières semaines.
Le partenariat de politique étrangère entre le Royaume-Uni et la France est profond, durable et efficace. Chaque fois que je me rends au Quai d'Orsay, je passe devant les statues du général de Gaulle et de Winston Churchill. Cela me rappelle ce que nous pouvons accomplir lorsque nous travaillons ensemble à la défense de valeurs communes. Dans un monde instable, notre partenariat constitue une force incontestable au service du bien.
Trois jours après le sommet franco-britannique de mars, le Royaume-Uni a publié sa revue intégrée actualisée (« integrated review refresh » ), l'équivalent de la revue nationale stratégique de la France. Cette mise à jour de la politique étrangère et de la stratégie de défense du Royaume-Uni a souligné l'importance que nous accordons au renforcement de nos relations diplomatiques et de sécurité en Europe, en particulier avec la France mais aussi avec l'Union européenne. Le Royaume-Uni continuera à jouer un rôle de premier plan dans le maintien de la stabilité, de la sécurité et de la prospérité de l'Europe et de la région euro-atlantique dans son ensemble. Pour tenir cet engagement, le gouvernement a annoncé une nouvelle augmentation de 5 milliards de livres sterling du budget de la défense britannique. Ainsi, les dépenses du Royaume-Uni en matière de défense devraient atteindre 68 milliards d'euros de livres cette année, soit 2,2 % du produit intérieur brut (PIB), avec l'intention de les porter à 2,5 % du PIB à plus long terme. Le poids de l'engagement du Royaume-Uni en faveur de la sécurité européenne s'est également manifesté par le rôle de premier plan que nous jouons dans la défense de l'Ukraine. Nous avons ainsi fourni plus de 6,5 milliards de livres sterling de soutien militaire, économique et humanitaire. Nous avons sanctionné plus de 1 000 sociétés russes.
Avec la France, nous avons mis en place une coalition internationale pour condamner l'invasion illégale de Poutine et veiller à ce que les crimes de guerre commis par les forces russes soient portés devant la justice. Je voudrais à cet instant exprimer mes condoléances suite au décès hier dans l'Est de l'Ukraine d'un journaliste français, M. Arman Soldin. Je pense à ses proches et ses collègues.