La présidence française est parvenue à son terme le 30 juin dernier. C'est avec une certaine fierté et le sentiment sincère du devoir accompli que la France a cédé sa place à son successeur, la République tchèque. Durant les six mois écoulés, l'Europe a changé ; elle s'est heurtée à de nombreux défis, parfois imprévus et d'une brutalité incroyable, et tous ont été relevés avec audace et détermination. La France s'était assignée pour mission d'œuvrer en faveur d'une Europe plus souveraine, d'une Europe dont le modèle de croissance assurait un développement solidaire et une cohésion à long terme, d'une Europe soucieuse du bien-être de ses citoyens.
Les résultats ont été à la hauteur de nos ambitions.
Tout d'abord, rappelons encore une fois que la présidence française de l'Union européenne a dû faire face à une secousse internationale inouïe : trente ans après les conflits yougoslaves des années 90, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a ramené la guerre sur notre continent. Au-delà des sanctions d'une ampleur sans précédent imposées à la Russie, la France a su mobiliser les États membres afin qu'ils fournissent à l'Ukraine une aide humanitaire, médicale, matérielle, financière et militaire substantielle, et qu'ils s'engagent à participer à sa reconstruction.
Je tiens notamment à souligner la solidarité inédite dont a fait preuve l'Union européenne en activant la directive sur la protection temporaire : plus de 7,6 millions de réfugiés ukrainiens ont pu bénéficier d'une protection sur le sol européen au cours des cinq derniers mois et ainsi accéder sans délai à l'emploi, à l'éducation et à une couverture sociale. Rien qu'en France, nous avons accueilli plus de 100 000 réfugiés ; dans ma circonscription du Finistère, de nombreuses familles ukrainiennes ont pu s'installer afin de se reconstruire loin des combats, y compris dans ma petite commune du pays bigouden.
Cette crise a montré la nécessité de réformer l'espace Schengen afin de le rendre plus efficace et plus adaptable aux crises. Fondé à l'initiative de la présidence française, le conseil Schengen permettra dorénavant d'évaluer les vulnérabilités et d'anticiper les crises causées par les flux migratoires. Ce conseil pilotera également l'élaboration d'une plate-forme destinée à une prise en charge commune des mouvements de populations provenant de l'extérieur. Avec cette nouvelle instance, combinée au Pacte sur la migration et l'asile, l'Europe se donne les moyens d'une solidarité juste et efficiente.
Mais, si le drame ukrainien a certes bousculé la présidence française du Conseil de l'Union européenne, il n'a pas pour autant freiné la réalisation de ses projets. Le cap des priorités a été maintenu avec fermeté. Le choc de la guerre a même suscité une prise de conscience de la nécessité de renforcer les capacités de défense, l'indépendance et la solidarité diplomatiques, économiques, militaires et énergétiques, en un mot l'unité de l'Europe.
Cette guerre a aussi mis l'accent sur la nécessité de repenser notre politique de voisinage car nous ne pouvons pas être insensibles à ce qui se passe aux portes de l'UE. C'est notamment le cas avec la nouvelle politique de voisinage que la présidence française a souhaité d'emblée établir avec les pays des Balkans occidentaux. Lors de la conférence qui s'est tenue le 30 juin dernier à Bruxelles, les dirigeants européens ont réaffirmé la vocation des pays des Balkans à intégrer à terme, et sous conditions, l'Union européenne, ainsi que leur volonté de travailler à ce que cette adhésion puisse se concrétiser. Une illustration parfaite de ce nouveau souffle donné à la politique de voisinage par la PFUE, c'est l'accord trouvé, à l'initiative de la France, sur le conflit culturel qui opposait la Bulgarie et la Macédoine du Nord. Les négociations pour l'adhésion à la grande famille européenne de l'Albanie et de la Macédoine du Nord ont ainsi pu pleinement s'engager il y a quelques jours.