Mais votre majorité, absolue à l'époque, l'a méprisée et rejetée ! Vous en êtes donc réduits à proposer des sommes ridicules aux citoyens européens, comme le fonds social pour le climat, censé servir à compenser les effets à venir de la transition écologique sur le pouvoir d'achat des populations. Ce fonds, qui ne sera actif qu'à partir de 2027, ne sera doté que de 59 milliards d'euros pour l'ensemble de l'Union européenne et pour une durée de sept ans, soit environ 19 euros par an et par habitant de la zone entre 2027 et 2033. Pensez-vous sincèrement que cela sera efficace ?
Compte tenu de ce que je viens d'énoncer, votre slogan « Relance, puissance, appartenance » est déjà moins grandiloquent. Mais poursuivons l'argumentaire. Parlons de la relance, pour commencer. Nous n'avons rien constaté d'autre que la chute du pouvoir d'achat, l'inflation, les pénuries et le creusement des inégalités. Rien n'a été relancé en Europe, si ce n'est l'idée d'un rideau de fer !
La puissance, ensuite : avec la guerre en Ukraine et le séisme géopolitique qu'elle a induit, l'Europe se réarme massivement et s'enferme dans une vision atlantiste du monde. L'OTAN restera ainsi le protecteur de l'Europe – tant pis pour sa souveraineté et son autonomie ! Mais pour nous, c'est la notion même de puissance qui doit être repensée – je vous ai interpellée à ce sujet, madame la secrétaire d'État. Car être puissant, c'est être écouté et respecté. Ce n'est pas la force qui doit triompher, mais la diplomatie. Les mois de guerre auraient dû être mis à profit afin de renforcer la diplomatie européenne et de préparer la paix. N'ayant pas obtenu de réponse de votre part en commission, je réitère ma question : des réflexions diplomatiques européennes sont-elles en cours en vue de préparer un plan de paix durable ?
L'appartenance, enfin : l'agression illégale et insupportable de l'Ukraine par la Russie a relancé le moteur de l'intégration européenne sur la seule peur de la Russie. S'il est légitime que ce pays inquiète les États qui lui sont frontaliers, l'Europe ne peut se construire sur la peur : il convient de le faire sur un projet politique plus fort, plus grand, incluant la promesse de liberté, de paix, d'amitié et de prospérité.