Tel a été l'objectif de cette présidence française : protéger la souveraineté des États pour protéger l'Europe, dans un contexte où la menace russe est plus présente que jamais depuis la fin du bloc soviétique. Cet objectif s'est traduit par la place faite à trois grands enjeux au cœur de la présidence française : la souveraineté énergétique, la souveraineté numérique et la maîtrise de nos frontières.
La souveraineté énergétique, d'abord : alors que la Russie a profité de sa domination sur le marché du gaz pour s'en servir comme d'une arme économique, l'Union européenne, menée par la France, a répondu par la nécessité de se rendre indépendante énergétiquement. Sous l'impulsion française, les eurodéputés ont adopté un texte de la Commission reconnaissant l'énergie nucléaire comme durable et permettant de lutter efficacement contre le changement climatique. Quoi qu'en disent les défenseurs de la décroissance, cette reconnaissance est une avancée majeure pour l'indépendance énergétique de notre continent. Le nucléaire est une énergie quasiment illimitée, n'émettant aucun gaz à effet de serre, fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les énergies renouvelables, par définition intermittentes, complètent et assurent un mix énergétique cohérent, diversifié et pérenne. Ce dernier garantit notre indépendance ainsi que la protection de l'environnement. À l'inverse, une stratégie assise sur les énergies intermittentes nous contraindrait à rouvrir les centrales à charbon et à acheter du gaz russe au prix fort. Par cette décision, l'Union européenne fera de notre continent un modèle de transition énergétique tout en construisant son indépendance.
La souveraineté numérique, quant à elle, est un enjeu que l'ensemble des pays européens a ignoré depuis une vingtaine d'années. Le numérique est une chance mais nous n'avons pas voulu voir les contreparties stratégiques qui se cachaient derrière tous les avantages économiques et culturels qu'il nous promettait. L'Europe a considérablement renforcé son cadre de cybersécurité, grâce à l'accord obtenu en juin sur la révision de la directive relative à la sécurité des réseaux et des systèmes d'information (NIS 2). Aussi était-il inconcevable que toutes les données européennes se trouvent sur des serveurs en Amérique ou en Asie : inconcevable pour les ressortissants de nos États, qui sont attachés au respect de leurs données personnelles et de leur vie privée ; inconcevable pour nos entreprises qui, sans le savoir, peuvent se faire pirater leurs informations stratégiques ; inconcevable, enfin, pour nos pays, qui doivent garder la maîtrise totale de leurs données essentielles et de celles de leurs administrations et services publics. Grâce à la mise en place d'un cloud européen, chacun conservera la propriété et la maîtrise de ses informations.
Je terminerai par la maîtrise de nos frontières. La présidence française du Conseil de l'Union européenne a protégé notre souveraineté en protégeant nos frontières.