Nous pouvons espérer légitimement – vous l'avez d'ailleurs dit, madame la secrétaire d'État – que l'Union européenne sortira de cette crise plus forte et plus confiante dans son avenir. Toutefois, la guerre en Ukraine et les imprévus ne peuvent pas entièrement justifier ou excuser les déceptions concernant les sujets non traités durant les six mois de cette PFUE, alors que le Président de la République avait annoncé en faire des priorités : je veux parler de la réforme du pacte sur la migration et l'asile, du salaire minimum européen, de l'assouplissement des règles budgétaires en ces temps de crise et de la lutte contre le dumping fiscal. Même quand les avancées sont concrètes ou présentées comme telles, la vigilance reste de mise.
D'abord, en matière de lutte contre le changement climatique, comment faire avancer les choses, si la France ne donne pas l'exemple alors qu'elle préside le Conseil de l'Union européenne ? Nous entendons le Gouvernement s'enorgueillir d'avoir obtenu un accord sur le paquet Ajustement à l'objectif 55, fort bien, mais je rappelle que la France est actuellement loin de pouvoir atteindre cet objectif de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre en 2030, alors même que nous avions l'occasion de nous donner les moyens de le réaliser et ce, non pas il y a cinq ans, mais juste l'année dernière, au moment la loi « climat et résilience ». Je ne fais que reprendre ce qu'a dit le Haut conseil pour le climat dans son rapport annuel remis au mois de juin dernier. Quand on regarde les choses d'un peu près, nous voyons bien qu'en matière d'urgence climatique, l'attitude du Gouvernement montre qu'il y a les paroles, d'un côté, et les actes de l'autre. Finalement, durant cette PFUE, c'était plutôt : faites ce que je dis mais pas ce que je fais.
Notre vigilance doit aussi porter, madame la secrétaire d'État, sur la souveraineté alimentaire de l'Union européenne. À cet égard, le bilan est d'autant plus décevant que les objectifs étaient ambitieux. Je veux aussi dire un mot de l'accord commercial entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande conclu sous la présidence française. Quel dommage que le processus positif enclenché en 2022 sur les mesures miroirs se solde par de nouveaux reculs. C'est une nouvelle fois une porte ouverte à la déforestation importée, à une concurrence déloyale à l'encontre de nos agriculteurs, à des produits alimentaires de qualité inférieure et à des exigences au rabais sur les conditions de production. Je n'ai pas le temps de développer mais il mériterait qu'on s'intéresse de près à l'atrazine ou au diflubenzuron.
Nous, députés socialistes, sommes des Européens convaincus, et c'est une vision générale que nous partageons avec beaucoup d'entre vous. Mais je veux le dire avec force : si l'Europe avance dans les crises et se construit par des compromis – les pères fondateurs de l'Europe le savaient –, il nous revient à nous tous aujourd'hui, dans le concret, d'en être des héritiers toujours exigeants.