Cependant, ces succès sont plus le fruit de discussions entamées en amont que d'une impulsion politique française forte : la remise sur les rails de la politique de voisinage, la validation des différentes instances des futurs règlements sur les marchés numériques et les services numériques, qui pourront entrer en vigueur à la fin d'année, ou encore l'accord trouvé entre les ministres le 15 mars au sujet du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières, qui incitera les pays extra-européens à instaurer des politiques de tarification du carbone pour lutter contre le changement climatique, en sont des exemples caractéristiques. De plus, l'accord obtenu le 7 juin au sujet de la directive relative aux salaires minimaux adéquats dans l'Union européenne, qui favorisera une convergence à la hausse des SMIC des vingt et un États membres qui en sont dotés, est un pas salutaire vers une Europe plus sociale, tout en limitant le dumping entre États membres.
Sur les questions migratoires, la réforme de l'espace Schengen défendue par la France n'a trouvé que peu d'échos favorables, ce que nous regrettons. Une fois de plus, cela peut être imputé au calendrier de la PFUE, puisque le ministre de l'intérieur, candidat à sa réélection, n'a pas fait le tour des capitales européennes pour promouvoir le sujet, comme le veut l'usage. En outre, il sera nécessaire de définir plus précisément les contours et attributions du « Conseil Schengen » récemment créé – maigre consolation. Le départ de Fabrice Leggeri, qui dirigeait l'agence Frontex, représente une perte d'influence et d'efficacité majeure pour notre pays sur ce sujet.
Lors du lancement de la PFUE, les députés Les Républicains alertaient sur une liste de priorités françaises établie dans l'opacité la plus absolue, et se rapprochant d'ailleurs plus d'un inventaire à la Prévert que d'une ambition forte et claire sur quelques sujets clés. Le bilan contrasté de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, qui a permis de faire aboutir une multitude de points techniques mais s'est révélée incapable de donner un nouveau souffle politique, culturel et institutionnel à une Europe en panne de grands projets et de vision d'avenir,…