Le président Gassilloud l'a rappelé : de fait, la question de la présence des militaires en uniforme dans l'espace public ne s'est pas posée pendant plusieurs années. Le premier virage, c'est évidemment la fin du service national – vous avez parlé du fameux dimanche soir dans les gares, monsieur le président. Le second est beaucoup plus triste : c'est l'affaire Merah. Couplée aux attentats de 2015, elle a conduit le commandement à soumettre les policiers et les gendarmes à un certain nombre de règles spécifiques concernant le port de l'arme dans l'espace public pour assurer leur légitime défense. Quant aux forces armées proprement dites, il a été décidé de les rendre plus discrètes, de les « désilhouetter », comme on dit dans le jargon militaire, à des fins de protection. Par exemple, il est donné consigne aux officiers et aux sous-officiers qui servent sur le site de Balard de porter des vêtements civils au-dessus de leur uniforme pour prendre les transports en commun.
Cela étant dit, je pense qu'il faut garder une forme de précaution, puisque l'uniforme, en tant que tel, est évidemment une cible : à travers le soldat, ce sont aussi la République et la nation que l'on veut toucher. Néanmoins, le bon sens du commandement doit nous permettre de nous adapter. Le port de l'uniforme devrait ainsi être permis pendant les cérémonies patriotiques – je le dis devant la secrétaire d'État Mirallès. On y voit souvent une cohorte d'anciens combattants, qui finiront un jour par nous quitter – le plus tard possible, je l'espère. À cet égard, il est clair qu'une présence militaire autour des monuments aux morts lors des cérémonies patriotiques sera très précieuse et confortera le lien armées-nation, terminologie qui peut être au demeurant discutée. Le député Blanchet est quant à lui intervenu sur d'autres sujets.
Aussi ai-je demandé aux officiers généraux de zone de défense et de sécurité (OGZDS) de réfléchir à renforcer la présence militaire lors de cérémonies nationales, telles que celles du 11 novembre et du 8 mai. Par exemple, nous pourrions envisager la présence d'au moins un soldat dans chaque commune qui possède un monument aux morts. Il n'est pas question de mobiliser une section d'honneur complète, mais plutôt d'assurer une présence militaire en uniforme pour entériner ce lien particulier entre les armées et la nation le jour de nos grandes commémorations nationales – cela du sens.
De fait, je demande le retrait de cet amendement d'appel car ce sujet relève du commandement en tant que tel. Nous devons trouver le bon équilibre entre protection des personnes et présence militaire. Il semble judicieux d'éviter les problèmes inutiles : en la matière, je pense qu'il ne faut pas se raconter d'histoires ; les affaires que j'ai citées sont trop graves. En même temps, nous devons développer cette culture de la défense et permettre aux civils du pays de faire la différence entre un soldat terrestre, un aviateur et un marin, mais aussi de connaître les grades : cela ne fera de mal à personne !