Monsieur le ministre, nous vous interrogeons sur le Tchad, vous nous répondez en parlant de l'opération Barkhane. Je suis capable de vous répondre, moi aussi, sur cette opération : nous avons à maintes reprises eu l'occasion de dire, lors du mandat précédent, que sa stratégie faisait fausse route. Sans projet politique en effet, Barkhane ne pouvait que s'enferrer. À la stratégie 3D – développement, défense, diplomatie –, il manquait un quatrième « D », celui de démocratie. La démocratie n'a jamais été un sujet. Lorsque M. Ibrahim Boubacar Keïta a accédé au pouvoir au Mali, il a été soutenu à bout de bras alors que, manifestement, il n'était pas un leader crédible pour son pays. Nous avons décidé de nous enferrer dans une stratégie essentiellement militaire.
Mes propos ne sont pas ceux d'un antimilitariste échevelé. On retrouve leur teneur y compris sous la plume de militaires. J'ai par exemple lu le travail des officiers Le Flem et Oliva – Un Sentiment d'inachevé – qui résonne en grande partie avec ce que je viens de dire.
J'observe que je vous ai parlé du Tchad et que vous m'avez parlé de Barkhane. Monsieur le ministre, je vous en prie, répondez-moi, une fois pour toutes, sur la question tchadienne.