L'amendement permettrait de préciser la fonction stratégique d'influence. On comprend évidemment pourquoi cette notion a émergé, mais nous sommes inquiets de la signification militaire que l'on pourrait lui donner. Nous sommes conscients des difficultés auxquelles notre pays a dû faire face ces dernières années, qui nécessitent une réaction. Néanmoins, dans le domaine militaire, traiter de l'influence et en particulier de la lutte informatique pose évidemment des questions éthiques et légales très importantes. Confrontés aux campagnes de fake news ou de diffamation menées par des trolls et des bots russes ou autres, nous ne pouvons recourir pour nous défendre aux mêmes moyens que ceux par lesquels nous sommes attaqués. C'est évidemment l'honneur de la démocratie que de ne pas utiliser de tels moyens, mais nous devons faire preuve de vigilance dans la définition des moyens dont nous disposons et, à notre sens, il est pertinent de faire référence à la notion de contre-influence dans le domaine militaire.
C'est ce que précise cet amendement avec la phrase : « Dans le domaine militaire, il s'agit plutôt de contre-influence », la notion globale d'influence étant alors laissée à l'appréciation de la diplomatie française. Je précise que cette question a été évoquée en audition devant le DGA, qui nous a confirmé qu'il n'y aurait pas de ferme de bots française – cela m'a rassuré, même si j'avais peu de doute à ce sujet. C'est bien de le dire publiquement, comme ce serait bien aussi d'expliquer que les moyens dont on se dote en la matière concernent plutôt la lutte contre les deep fakes, par exemple.