C'est l'occasion pour moi d'intervenir sur ce sujet qui est effectivement essentiel et très politique. Dans un monde de plus en plus dangereux, marqué par de plus en plus de conflits, sur une planète éruptive où les ventes d'armes n'ont jamais été aussi importantes, il est crucial que la France soit en mesure de conserver son autonomie stratégique – dont vous parlez beaucoup, monsieur le ministre –, sur le plan tant militaire que politique, dans le cadre de la politique d'intervention qu'elle mène avec les alliés qu'elle se choisit. Par conséquent, nous préférons que la France puisse rester libre et agisse essentiellement sous l'égide de l'ONU, en tant que de besoin, plutôt que de devenir un autre gendarme du monde ou le supplétif d'un gendarme du monde comme les États-Unis, au service d'une politique de l'administration américaine qui pourrait nous projeter dans des conflits qui ne sont pas les nôtres.
C'est la raison pour laquelle le groupe GDR – NUPES, le parti communiste français et moi-même – je l'ai dit lors de la campagne présidentielle – souhaitons sortir du commandement intégré de l'Otan, ce qui ne veut pas dire sortir de l'Otan. D'ailleurs, les choix qui ont conduit le général de Gaulle à le faire, en 1966, étaient liés à la situation politique de l'époque ; en même temps, il disait alors qu'il était utile et important pour la France – et pour sa sécurité – qu'elle noue des alliances et qu'elle ait des alliés pour soutenir sa politique d'intervention. Nous nous référons toujours à ce principe, mais nous disons qu'aujourd'hui, dans le contexte politique international que nous connaissons – il ne s'agit pas que de l'Ukraine –, l'administration américaine fait le choix d'une politique de tension à l'international, notamment dans la zone indo-pacifique, où elle a décidé de faire de la Chine son ennemie et de susciter des tensions très fortes avec ce pays.
Ce n'est pas le choix que fait la France, d'ailleurs, et le Président de la République a lui-même dit qu'il n'était pas opportun d'aller dans cette direction. Nous proposons donc cet amendement, et j'aurai probablement l'occasion d'intervenir à nouveau après les avis du rapporteur et du ministre afin de poursuivre mon explication.