La banquise a perdu 75 % de son volume depuis 1980 et peine à se reconstituer en été, si bien que les pôles changent d'aspect : de nouvelles routes maritimes se dessinent, suscitant l'intérêt économique, politique ou militaire de grandes puissances. Il convient d'anticiper les conflits à venir. D'ores et déjà, ces régions sont perméables aux antagonismes, comme en témoigne le fait que l'invasion de l'Ukraine ait entraîné l'éviction de la Russie de nombreux programmes du Conseil de l'Arctique. La réaction du Kremlin, qui est allé jusqu'à préciser que la question économique et financière l'emportait sur celles de la gouvernance et de l'environnement, donne la mesure de la convoitise dont ces territoires font l'objet.
L'intégration des enjeux environnementaux à la stratégie que doit développer la France est inévitable : la transformation des pôles sous l'effet du réchauffement obligera nos armées à composer avec le développement du tourisme, mais aussi avec les mouvements des peuples autochtones, qui devront quitter leurs terres devenues inhabitables. Afin de préserver notre souveraineté et notre rôle de garants de la paix, nous demandons le déploiement d'une véritable stratégie polaire.