J'ignore s'il s'agit d'un bel amendement, mais il nous permet d'ouvrir un beau débat. Il concerne en effet deux publics au sein du ministère des armées – ce qui aurait d'ailleurs pu donner lieu à deux amendements distincts, mais loin de moi l'idée de vous encourager à en déposer davantage –, les ouvriers d'État et les polytechniciens.
Je tiens beaucoup à réaffirmer la vocation militaire de l'École polytechnique. Il est vrai que les élèves diplômés de Polytechnique sont plus nombreux que les postes disponibles au sein de l'État ; il en a toujours été ainsi. Cela dit, le fléchage des jeunes élèves officiers de Polytechnique vers le service des armes de la France n'en demeure pas moins un objectif crucial. Pour des raisons historiques, la tutelle de mon ministère sur l'École polytechnique s'exerce par l'intermédiaire de la DGA, ce qui met en évidence les enjeux de souveraineté liés au savoir-faire, aux compétences et à la maîtrise. En outre, en l'absence de conflits d'intérêts, les élèves peuvent ensuite rejoindre la BITD. Tout cela constitue la filière profonde qui préserve le savoir-faire français. J'ai demandé au délégué général pour l'armement d'accentuer ses efforts pour intéresser les élèves polytechniciens aux métiers de la DGA. D'ailleurs, les élèves officiers choisissant ce débouché seront plus nombreux l'an prochain ; ce critère parmi d'autres permettra d'évaluer, cohorte par cohorte, la part de polytechniciens s'orientant vers des métiers militaires.
J'insiste également sur le maintien de la discipline militaire à Polytechnique. Il s'agit certes de la meilleure école d'ingénieurs en France, mais elle reste une école militaire et ne saurait se départir de cet esprit.
En ce qui concerne les ouvriers d'État, ils ont effectivement joué un rôle historique indispensable. Je suis convaincu que l'enjeu majeur consiste à les fidéliser, car ils disposent déjà d'un statut qu'il serait difficile d'améliorer. Le levier principal est celui de la rémunération. À cet effet, la stratégie générale de fidélisation comprendra une enveloppe dédiée aux ouvriers d'État, dont nous aurons peut-être l'occasion de reparler en examinant d'autres amendements.
Je vous propose de retirer cet amendement que j'interprète comme un amendement d'appel. Sa formulation donne l'impression que vous souhaitez faire évoluer le statut d'ouvrier d'État ; or il convient plutôt de réfléchir à la manière de les fidéliser. Quant à la phrase relative aux élèves polytechniciens, j'aurais pu y être favorable si elle avait fait l'objet d'un amendement distinct.