Ce texte est une occasion manquée. Au sein de l'État, le ministère des armées est singulier dans la mesure où il est peut-être le dernier à posséder une véritable capacité de planification. Or nous n'avons pas besoin d'une LPM anticipée, qui se contente de reconduire dès maintenant les montants de celle qui est en cours, mais d'une loi de programmation de souveraineté.
Vous nous avez expliqué, monsieur le ministre, qu'il était difficile de prévoir plus de 3 milliards d'euros de dépenses supplémentaires par an dans les années à venir, car nous ne saurions pas comment dépenser davantage.
Quitte à faire rire notre collègue Thiériot, qui nous considère comme des paléo-marxistes, je peux vous dire que, pour notre part, nous saurions comment dépenser en élaborant une planification plus rigoureuse. C'est que, je le répète, nous n'avons pas tant besoin d'une LPM anticipée que d'une loi de programmation de souveraineté qui fixerait de grands objectifs et de grands projets, notamment de grands projets industriels.
Votre texte a une faille : n'avoir pas mis autour de la table le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le ministère de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, et le ministère des armées. C'est à cela que vous auriez dû travailler et vous avez deux ans devant vous pour le faire.
Prenons l'exemple de la fonderie numérique, cœur indispensable des prochains projets de souveraineté. Que dit cette LPM sur la manière dont nous pourrions bâtir une fonderie numérique qui permettrait aux capacités françaises de retrouver une ressource de souveraineté et d'indépendance ? Rien. Évidemment, cela représentera plusieurs dizaines de milliards.