Cela m'avait déjà étonné en commission, mais je n'avais rien dit. Je pensais que les débats qui allaient suivre durant une trentaine d'heures permettraient de repartir des besoins liés aux missions et des postures – qu'il s'agisse des postures liées à la dissuasion nucléaire, comme l'a mentionné M. le rapporteur, ou de postures plus conventionnelles comme les Resevac (opérations d'évacuation de ressortissants), sur le modèle de l'opération Sagittaire à Khartoum, ou bien les opérations maritimes. Nous aurons l'occasion d'y revenir.
Pas d'amendement – ou un seul, déposé par le député Dupont-Aignan, lequel propose un second porte-avions ; ce n'est même pas à cet endroit-là qu'il fallait le déposer. C'est dire ! Quelque chose m'échappe.
J'ai entendu les orateurs, dont la plupart sont déjà partis, dire à la tribune qu'il faudrait plus d'argent, qu'il faudrait en faire plus, que cette LPM n'est jamais qu'un rattrapage, sans préciser une seule fois, en trois heures de discussion générale, quelles nouvelles missions ils souhaiteraient assigner aux forces armées. C'est une réalité dont il faut parler.
Vous avez souhaité, par les amendements – souvent identiques – qui vont suivre, préciser des choses dans le rapport annexé. Je m'y étais engagé auprès de vous en commission, où j'avais reconnu que certaines choses qui peuvent être évidentes pour le ministère, et même pour le ministre, méritaient soit une clarification, soit plus de transparence. Le meilleur exemple est sans doute celui de l'innovation, un sujet sur lequel vous avez déposé beaucoup d'amendements. Je reconnais bien volontiers votre passion pour le sujet depuis longtemps, ainsi que votre constance et votre investissement ; nous apporterons ces précisions quand nous avancerons dans le rapport annexé. En revanche, modifier le titre du texte au motif que celui-ci ne proposerait qu'une orientation financière serait très inexact par rapport à la réalité.
Je tiens à vous remercier pour le livret « La loi de programmation militaire : notre vision », élaboré par La France insoumise. Vous qui me critiquez souvent, avec bienveillance, sur le caractère précipité de la loi de programmation militaire, je note que vous l'avez présenté à la presse en début d'après-midi, ce qui peut, vous en conviendrez, ressembler à de la précipitation. Vous avez néanmoins entendu l'appel de détresse que j'avais lancé en commission, car je ne comprenais pas quelles étaient vos propositions. Je note une clarification sur la dissuasion nucléaire. Il faudra néanmoins vous entretenir avec les députés Lecoq et Roussel, car je ne suis pas convaincu que vous atterrissiez sur la même idée – ou alors, elle est encore floue, ce qui, pour une dissuasion, est ennuyeux.
Néanmoins, nous y reviendrons, car lors de la discussion générale, monsieur le député Lachaud, vous avez posé des questions intéressantes à propos de l'avenir même de ce qui est dissuasif, et nous y répondons évidemment dans le texte. Mon attachement profond à la dissuasion nucléaire ne doit pas nous dispenser de réfléchir à ce qu'elle pourrait devenir sur le plan technologique, demain et dans les décennies qui viennent. Il faudra bien entendu que nous en débattions.
Quoi qu'il en soit, j'ai pu parcourir rapidement votre document. Il a le mérite d'exister, mais la plupart des propositions qu'il contient sont floues et manquent de précision ; j'ai la faiblesse de penser que le rapport annexé que le Gouvernement de la République vous soumet dans le présent projet de loi est plus précis. Je vous propose donc d'avancer, de laisser le titre en l'état et de nous consacrer plutôt aux amendements sur le texte, dont certains – je le dis d'emblée – recueilleront un avis sinon favorable, au moins de sagesse de la part du Gouvernement, car ils correspondent au bon sens.