Toutefois, le Président de la République affirme désormais qu'il faudrait avoir « une guerre d'avance » et « tirer les conclusions de ce que notre époque porte en germe ». De notre côté, nous craignons au contraire d'avoir, avec cette LPM, une paix de retard si rien n'est engagé politiquement pour désarmer les conflits et travailler à la sécurité collective des nations.
Vous faites reposer la politique de défense sur la dissuasion nucléaire : il s'agit là d'une différence historique entre nous ! Avec le temps, nous avons pris acte de ce choix, mais aujourd'hui, notre désaccord porte surtout sur le niveau de dépenses que vous engagez à ce titre. Il est énorme et les Français doivent le savoir, même si ce n'est écrit nulle part – cela pose d'ailleurs un sacré problème en matière de transparence ! La seule indication que vous avez transmise oralement, c'est ce taux de 13 % qui sera consacré à la dissuasion nucléaire, soit une somme estimée à 54 milliards sur sept ans. Là encore, il s'agit d'un niveau de dépenses inédit.
Alors, à quand un véritable débat avec les Français sur une politique décidée par le général de Gaulle dans les années soixante et qui n'a jamais été rediscutée depuis ? Quel bilan pouvons-nous en tirer et quelle est l'utilité réelle de la dissuasion à l'échelle du monde ? Toutes ces questions sont légitimes, d'autant plus que la priorité absolue donnée au renouvellement des armes nucléaires non seulement vampirise le reste des dépenses de la LPM – j'y reviendrai –, mais va également à l'encontre de nos engagements internationaux en la matière.