Intervention de Jean-Michel Jacques

Séance en hémicycle du lundi 22 mai 2023 à 16h00
Programmation militaire 2024-2030 — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Jacques, rapporteur de la commission de la défense nationale et des forces armées :

À l'heure du retour de la guerre en Europe, de l'agression russe en Ukraine, de la stratégie de puissance de la Chine ou encore de la multiplication des menaces hybrides, chacun sait combien les armées sont importantes pour faire entendre la voix de la France. Les mots du général de Gaulle sont toujours d'actualité : « La France ne peut être la France sans la grandeur. » En son temps, lui aussi avait été confronté à des bouleversements géostratégiques et technologiques majeurs et, bien que son choix d'investir massivement dans le nucléaire militaire, au détriment d'autres investissements, ait été décrié, l'histoire lui a donné raison !

Aujourd'hui, l'enjeu est que la France voie son autonomie d'analyse, de décision et d'action garantie et qu'elle conserve son statut de puissance d'équilibre et de nation cadre.

Soyons les fervents défenseurs de nos valeureux soldats ! Fidèles à l'histoire et aux valeurs de l'armée française, ils sont prêts à aller jusqu'au sacrifice suprême si la réussite de leur mission les y oblige. J'ai, en ce moment, une pensée émue pour les soldats blessés et morts pour la France. Je sais que chacun d'entre vous s'associe à cet hommage.

Derrière les trajectoires financières ou capacitaires, il ne faut jamais oublier qu'il y a des femmes et des hommes, civils ou militaires ; ils sont la première richesse des armées.

Après des décennies de sous-investissements, la dernière LPM a eu un impact positif sur le quotidien des militaires et a permis d'engager une modernisation capacitaire. Après le temps de la réparation vient aujourd'hui celui de la transformation. Celle-ci s'articule autour de cinq axes.

Le premier – la clé de voûte – est la modernisation de la dissuasion nucléaire, dans toutes ses composantes et dans une logique de stricte suffisance.

Que nos armées soient prêtes à agir de manière décisive dans le cas d'un engagement majeur constitue le deuxième axe. Il est donc essentiel de consolider le soutien logistique, le maintien en condition opérationnelle et les capacités de haute intensité, comme l'artillerie lourde, la défense sol-air, les drones, les munitions et les blindés. Comme tous les équipements, ces capacités doivent tirer profit des ruptures technologiques qui se produisent dans les domaines du quantique, de l'intelligence artificielle, de l'hypervélocité ou encore de la connectivité.

Le troisième axe consiste à donner aux armées les capacités d'agir dans les champs hybrides : espace, fonds marins, cyber, bulles informationnelles.

Le quatrième axe concerne les territoires d'outre-mer, qu'il s'agit de mieux protéger encore face aux pressions de nos compétiteurs.

Enfin, l'entrée dans une logique d'économie de guerre, qui nous permettra de gagner en agilité de production en cas d'engagement dans un conflit de haute intensité, est le cinquième axe du projet de loi.

Je salue la méthode qui a consisté à réexaminer, de façon approfondie, les besoins des armées. Cela a permis de définir une trajectoire physico-financière adaptée et cohérente avec les objectifs et les menaces. À rebours d'une culture commandée par le principe de précaution, je me réjouis de voir l'audace et la prise de risques valorisées, avec la réduction des normes et la simplification des circuits de décision.

Je suis persuadé que l'examen de ce texte sera pour nous l'occasion de débattre de la politique de défense de façon constructive, guidés par une unique boussole, l'intérêt supérieur de la nation. Bon débat, et vive l'armée française !

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