Lorsqu'un sous-traitant entame son activité, il engage des chauffeurs, contracte des crédits et investit dans des camions sur plusieurs années. Même si le contrat est renégocié à la baisse au bout de quelques années, il lui faut bien rentabiliser ses investissements et payer ses crédits. Les entreprises essaient de nous convaincre de tenir, en nous expliquant qu'il ne s'agit que d'une mauvaise passe : on tombe peu à peu dans une spirale infernale.
Nous n'avons pas porté plainte. Une première plainte, faite directement dans un commissariat, a été classée. Le temps a fait son œuvre : l'ancien juge d'instruction Charles Duchaine, qui a dirigé l'Agence française anticorruption, a informé le parquet de Marseille. La procureure Dominique Laurens nous a demandé d'aller témoigner à la brigade financière de Marseille où nous avons été auditionnés pendant plusieurs heures. Ce dossier est en cours d'instruction au parquet de Lyon. Une enquête préliminaire est ouverte pour prêt illicite de main-d'œuvre et délit de marchandage.
Nous travaillons sur une proposition de loi avec des députés afin de définir un cahier des charges qui imposerait aux sous-traitants d'afficher l'ensemble de leurs coûts quand ils répondent à un appel d'offres : si le donneur d'ordres accepte ce devis, c'est qu'il est prêt à les payer et cela permettra au sous-traitant de ne plus travailler à perte.