Nous débattons depuis plus d'une semaine du paquet pouvoir d'achat, qui comprend la loi portant mesures d'urgences pour la protection du pouvoir d'achat ainsi que ce PLFR. Il est normal que ces débats durent : nous parlons d'argent public, et ce PLFR prévoit 44 milliards d'euros de dépenses supplémentaires. Pour rappel, cette somme inclut 12,7 milliards d'euros pour les participations de l'État, 11,9 milliards d'euros pour les intérêts de la dette et 19,6 milliards d'euros de crédits supplémentaires pour les politiques publiques.
Je tiens d'abord à remercier le Gouvernement pour le compromis que nous avons atteint au sujet des finances des collectivités territoriales. J'espère que d'autres compromis pourront émerger sur ce point à l'automne.
Néanmoins, ce compromis ne saurait faire oublier les graves lacunes de ce projet de loi de finances rectificative qui ne rectifie rien aux inégalités de notre société, aggravées par le contexte inflationniste. En France, 7 millions de personnes reçoivent l'aide alimentaire ; 12 millions de personnes souffrent de précarité énergétique, et beaucoup peineront à se chauffer cet hiver ; 13,3 millions de personnes souffrent de précarité en matière de mobilité, la plupart d'entre elles dépendant de la voiture. À ce constat alarmant et à ces problèmes structurels, vous répondez par des solutions temporaires, faites de chèques, de primes ou d'exonérations.
Prenons l'exemple du carburant : avec ce texte, la réduction du prix à la pompe passera de 18 à 30 centimes d'euro par litre – c'est le deal conclu avec les Républicains –, ce à quoi il faut ajouter la réduction de 20 centimes d'euro consentie sous la pression par Total. Mais en milieu rural, tous n'habitent pas à proximité d'une station Total. Et qu'adviendra-t-il en novembre, quand l'aide prendra fin ? Nous vous proposions des mesures pérennes, que vous avez refusées. Vous préférez prolonger des mesures qui, d'après le Conseil d'analyse économique, profitent deux fois plus aux plus riches.
Prenons encore l'exemple des revenus. Pour les salariés du privé, au lieu d'augmenter le SMIC à 1500 euros net, vous préférez en appeler au bon cœur des patrons, augmenter le plafond autorisé des primes, qui plus est sans cotisation ni fiscalisation. Mais à quoi bon augmenter un plafond qui est très loin d'être atteint en moyenne ? Pour les salariés du public, vous augmentez la valeur du point d'indice. Mais là encore, nous sommes très loin de rattraper la perte de pouvoir d'achat subie depuis dix ans.