C'est un problème culturel. Les choses sont peut-être en train de changer, mais j'ai l'impression que l'on n'arrive pas, dans le secteur public, à prendre la mesure de cette menace. J'ai constaté, notamment en tant qu'associé du fonds d'investissement dont je vous parlais, que la rigueur était beaucoup plus grande dans le secteur privé s'agissant, par exemple, des téléphones et de l'usage des mails.
La difficulté vient peut-être également du caractère bureaucratique du système de sécurité : quand vous êtes ministre et qu'un officier des services vient vous expliquer qu'il ne faut pas utiliser internet, pas envoyer de mails et pas aller sur les réseaux sociaux, vous avez tendance à écouter d'une oreille et à faire le contraire. Peut-être faudrait-il avoir des équipes plus modernes dans leur approche de la technologie et de l'usage qu'on en fait, car on ne peut pas imposer, dans une société comme la nôtre, une absence totale d'utilisation des réseaux.
Un jour, j'ai fait installer une borne wifi dans des locaux ministériels sans prévenir les services de sécurité : j'ai vu débouler dans mon bureau quatre ou cinq officiers persuadés que quelqu'un avait introduit un système pirate ! Ils avaient raison, il n'était pas raisonnable de ma part d'avoir agi ainsi, mais résoudre ce problème culturel passe par la mise en place de systèmes technologiques qui ne soient pas trop contraignants et permettent aux responsables politiques de rester « branchés ».