Compte tenu du volume de critiques qui s'est abattu sur moi, je ne vois pas bien où je pourrais voir l'intervention favorable de qui que ce soit. Celui qui a pris le plus gros tombereau sur la tête, c'est quand même moi, et non M. Macron ! Si j'avais été le candidat des Russes et que les Russes avaient été très influents, la quantité d'ordures aurait peut-être été un peu moins élevée.
S'agissant du Brexit et de l'élection de Donald Trump, vous soulevez une question qui est différente et qui dépasse les problèmes d'ingérence : celle de l'utilisation des techniques d'intelligence artificielle au service des campagnes électorales. Et en l'occurrence, à ma connaissance, ce n'est pas la Russie qui est derrière l'affaire Cambridge Analytica.
Quand on connaît la Grande-Bretagne comme je la connais, on sait que le sentiment anti-européen y est historiquement très important. Certes, il peut y avoir une ingérence étrangère, mais on ne peut pas dire qu'elle est précisément la cause du Brexit. Comme chacun sait, j'ai épousé une Anglaise et dès mes premières visites chez elle, j'ai eu droit à chaque repas à la leçon anti-européenne de son père, qui est mort sans jamais changer d'avis sur le sujet.
Concernant l'élection de Trump, si ce que vous dites est exact et que les Américains sont en train de se prémunir contre de tels risques, alors comment Trump peut-il être aussi haut dans les sondages ? Peut-être ai-je tort, parce que je suis trop marqué par les campagnes électorales que j'ai faites avec les instruments de l'époque, mais j'ai du mal devant tous ces observateurs qui considèrent qu'ils savent mieux que le peuple, à qui il faudrait tout expliquer de peur qu'il ne se trompe dans ses choix. L'idée que le peuple n'est pas capable d'analyser, de comprendre, de voir les trucages dans la vie politique est une erreur. Ma conviction, c'est que les Français voient les choses au laser : ils savent exactement qui sont les candidats, quels sont leurs qualités et leurs défauts, et ils s'expriment assez largement en connaissance de cause. Il est très difficile, au fond, de cacher la vérité de ce que l'on est aux électeurs dans une campagne électorale. Je suis peut-être trop confiant dans la nature humaine mais c'est ma conviction.