J'ai suivi l'audition de Jean-Pierre Chevènement, qui a précédé la mienne. Il a eu une remarque très juste : nous faisons comme si la Russie avait été à un moment donné un pays quasi démocratique et qu'elle était soudainement devenue une dictature. Mais la Russie a toujours vécu sous un régime autoritaire, parfois pire qu'aujourd'hui, si tant est que l'on puisse faire des classements en matière de droits de l'homme et de libertés publiques. Que la Russie soit un pays autoritaire n'est pas une soudaine découverte.
Dans l'histoire de la relation franco-russe, il y a eu des partis politiques plus proches de la Russie que d'autres. Ce n'est pas un scoop. Cela a-t-il eu une influence ? Il y a eu une époque où la Russie affichait ouvertement sa volonté de propager la révolution mondiale et où il y avait en France un parti, le Parti communiste, qui affichait sa volonté d'y participer. Ce lien était très fort.
Un ancien inspecteur des finances et diplomate, Alexandre Jevakhoff, vient de publier un livre fascinant sur les relations entre de Gaulle et la Russie. Il donne des exemples tirés d'archives russes récemment ouvertes. Certains échanges montrent que de Gaulle, lorsque la relation avec les Américains devenait compliquée pendant la Seconde Guerre mondiale, se servait de Staline et de la Russie pour contrebalancer les vilenies que lui faisaient les Américains. Il s'agit d'une réalité documentée par les historiens.
Il y a en France des partis politiques qui ont toujours considéré – le mien en faisait partie, je ne sais pas si c'est encore le cas – que nous avons le devoir d'entretenir une relation spéciale avec la Russie, en raison de la géographie et des considérations que j'ai développées tout à l'heure. Avec le président Sarkozy, nous avons conduit les affaires de la France dans cet état d'esprit.