Intervention de François Fillon

Réunion du mardi 2 mai 2023 à 15h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

François Fillon, ancien Premier ministre :

Ces tentatives d'ingérence sont tellement visibles ! Comment penser que les populations de nos pays soient à ce point influençables, que des comptes fantômes sur les réseaux sociaux, effectivement massivement utilisés par les Russes comme par d'autres, aient une influence réelle sur les scrutins ? L'idée que la Russie aurait été à l'origine du Brexit, comme on l'entend assez souvent, me paraît totalement farfelue. Non que les Russes n'aient pas cherché à influencer les votes, mais il y avait en Grande Bretagne un mouvement de fond favorable au Brexit indépendamment de toute ingérence russe. De même, soutenir, comme le font des Américains y compris de très haut niveau, que les Russes ont fait élire le président Trump me semble relever du fantasme. Non, là encore, qu'ils n'aient pas essayé d'agir en ce sens. Mais de façon générale, l'effet des opérations de désinformation sur les réseaux sociaux me semble, sinon négligeable, du moins marginal.

D'une manière générale, la Russie est un pays qui fonctionne de manière assez brutale.

Lors du voyage de la délégation de la commission de la défense en 1986, nous étions déjà un certain nombre à être convaincus que l'URSS ne présentait plus de menace militaire vraiment existentielle pour les Européens – exception faite du nucléaire. Le système soviétique fonctionnait mal. Les Russes avaient beau accumuler les armes et les soldats, disposer d'une puissance immense, il y avait toujours quelque chose qui clochait – on avait oublié de mettre de l'essence dans le réservoir du char, il y avait des problèmes d'organisation, il manquait quelqu'un à son poste, untel n'avait pas fait son boulot. Au cours de mes visites en URSS puis en Russie, rien ne se passe jamais comme prévu. L'exemple le plus triste mais le plus significatif du mauvais fonctionnement du pays est l'accident qui a coûté la vie à M. de Margerie, le PDG de Total : on confie à un employé qui a sans doute un peu abusé de la vodka un matériel qu'il n'a jamais conduit et on l'envoie dans une partie de l'aéroport où il n'est jamais allé.

La Russie est un immense pays, mais d'une assez grande fragilité en raison de ses dysfonctionnements.

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