Je n'ai pas sensiblement changé d'avis sur la Russie. Pour moi, c'était le pays du goulag. Je n'ai donc pas été surpris par ce que j'ai appris ou vu, même si les choses s'étaient peu ou prou améliorées sur la longue durée. Après la période qui a suivi le discours de Khroutchev et les années Brejnev, il a tout de même fallu attendre Gorbatchev pour connaître une amélioration de l'État de droit puis l'apparition d'une fragile démocratie. Toutefois celle-ci était rejetée par une grande partie de la population, ce qui a amené Boris Eltsine à se retirer.
S'agissant de Vladimir Poutine, on pouvait avoir le sentiment, jusqu'en 2013 ou 2014, que les choses s'arrangeraient. Le discours de la Wehrkunde, en 2007, a constitué un tournant. La situation s'est vraiment dégradée lorsqu'une institution comme Memorial a été suspendue.
L'histoire de la Russie a donné lieu à des lectures très différentes. Les Russes sont un peuple très intelligent et très original. Nous devons comprendre ce qui fait la spécificité de leur pays pour favoriser les facteurs de démocratisation qui existent et continueront à exister, j'en suis sûr, à l'avenir. La Russie existera toujours – et sinon, que mettrait-on entre la Chine et l'Europe ? Il faut mener une politique qui permette à ce pays de prendre sa place dans l'équilibre européen et mondial et qui favorise le développement de la démocratie en son sein.