Bien entendu. Les services du Quai d'Orsay se sont tenus en étroite liaison avec moi, comme j'en avais réciproquement reçu la consigne. Ma mission a été encadrée par deux lettres de mission, l'une de 2012 signée par Laurent Fabius et l'autre de 2017 signée par Jean-Yves Le Drian. J'en lis le deuxième paragraphe : « L'exercice des fonctions de représentant spécial pour la Russie depuis 2012 vous a permis de nouer des relations fructueuses avec des personnalités des sphères dirigeantes comme de la société civile russes et de soutenir le dialogue franco-russe sur plusieurs dossiers stratégiques. En témoigne la décision du président de la Fédération de Russie de vous décerner l'ordre de l'Amitié, la plus haute distinction pouvant être attribuée à un étranger en reconnaissance de son action en faveur du rapprochement des sociétés et des cultures. » Si donc le Quai d'Orsay est intervenu auprès de moi, ce n'était pas pour me décourager mais, au contraire, pour « densifier notre relation, en particulier la présence des entreprises françaises dans les régions russes, aider au développement des investissements français en Russie et russes en France ».
On peut évidemment interpréter, par exemple, le rachat de GEFCO, la filiale logistique de Peugeot, par les chemins de fer russes comme de l'ingérence, mais je ne crois pas que ce soit le cas. Les investissements russes en France n'ont guère dépassé les 3 milliards d'euros tandis que, selon les dernières informations dont je dispose, les investissements français en Russie représentaient plus de 18 milliards – mais sans doute n'ont-ils pas été, en réalité, aussi élevés, du fait d'un phénomène de désinvestissement des entreprises françaises dans leurs implantations en Russie. Cet ordre de grandeur montre cependant que nous étions plutôt accueillants pour les investissements russes potentiels.