Personne ne manque à sa fonction, mais que le financement russe de Mme Le Pen, ou du Rassemblement national, et d'abord du Front national, ait été mentionné à l'occasion d'une campagne durant laquelle Mme Le Pen briguait les suffrages des Français pour devenir présidente de la République, est évidemment pertinent.
C'est le cas à partir du moment où une responsable d'un parti politique, et non pas un responsable gouvernemental, multiplie les déplacements en Russie. Mme Le Pen y est allée énormément – en 2012, 2013, 2014 et 2015. En tant que diplomate, je ne suis pas allée aussi souvent en Russie que Mme Le Pen, je tiens à vous le dire.
Il y a aussi le fait qu'elle a eu des prises de position très particulières. S'agissant du crash du vol MH17, une tragédie qui a touché en particulier des passagers des Pays-Bas et qui reste un traumatisme pour ce pays, Mme Le Pen a ainsi choisi de dire qu'elle refusait d'exonérer les Ukrainiens, ce qui était exactement ce que disaient les autorités russes à l'époque. C'était en outre faux : Mme Le Pen s'est formidablement trompée.
Par ailleurs, on trouve dans des éléments révélés par des hackers du groupe Anonymous un échange, qui n'a jamais été contesté par personne – nul n'y a peut-être prêté attention, mais je n'y crois pas, parce qu'on a vu cet échange plusieurs fois dans des documentaires en France –, entre un hacker russe et un membre de l'administration présidentielle russe disant ceci : « Marine Le Pen a reconnu le résultat du référendum en Crimée, elle n'a pas déçu nos attentes et nous devons la récompenser » – je n'ai pas le texte sous les yeux, mais vous pourrez le retrouver, notamment dans mon livre. Et juste après, on a vu arriver le prêt russe.
Pardonnez-moi, mais ce sujet méritait de figurer dans un débat de la campagne présidentielle. Si Mme Le Pen ne souhaitait pas devenir chef de l'État, ce serait sans doute différent, mais c'est tout de même, comme l'a dit Mme la rapporteure, quelque chose qui sème le trouble.