Intervention de Nathalie Loiseau

Réunion du jeudi 6 avril 2023 à 15h00
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Nathalie Loiseau, députée européenne, présidente de la sous-commission Sécurité et défense du Parlement européen :

Ils sont enregistrés. Je demande tout simplement qu'ils soient accompagnés et qu'ils ne se rendent pas partout comme ils le souhaitent. Cela me paraît une demande assez basique.

Il y avait une extrême ouverture là où on aurait dû se protéger et, à l'inverse, un manque de transparence sur les personnes rencontrées. C'est pourtant assez simple : je publie mon agenda sur les réseaux sociaux à la fin de chaque semaine. Pourquoi à ce moment-là ? Parce que mon agenda change en cours de semaine : si je le publie plus tôt et qu'il ne correspond pas exactement à ce que j'ai fait, ce n'est pas transparent. Tout le monde y figure, sauf les personnes qui font l'objet de persécutions et que je mettrais en danger. Quant au blogueur azéri dont j'ai parlé, montrer que nous nous voyons le protège – c'est lui qui me l'a dit. Nous nous prenons en photo à chaque fois et j'indique que nous nous sommes vus, sans dire nécessairement où et je ne publie pas tout de suite l'information, pour le protéger. Il faut de la transparence sur les personnes que l'on voit, notamment pour la rédaction d'un rapport. En donner la liste me paraît simple et sain. J'ai été coauteure du rapport sur l'Arménie : je suis prête, très simplement, à dire qui j'ai rencontré. J'aimerais que ceux qui ont rédigé le rapport sur l'Azerbaïdjan fassent de même, afin que tout le monde sache. Il ne s'agit pas de faire planer des soupçons : au contraire, je pense que cela clarifie les choses. Et quand on voyage, il faut dire qu'on voyage. Ce genre de choses me paraît indispensable.

Je ne voudrais pas que le Qatargate cache la forêt des autres ingérences, c'est une préoccupation pour moi. Ce n'est pas parce que le Qatar et les sociaux-démocrates seraient concernés dans cette affaire qu'il n'y a pas d'autres ingérences d'autres pays à l'égard d'autres députés d'autres groupes. Vous connaissez la formule : quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt. Je ne veux pas être l'imbécile dans l'histoire. J'ai vu deux groupes politiques s'empresser de dire qu'il fallait fermer la commission INGE 2 et créer une commission spéciale sur le Qatar. C'est le contraire de ce qu'il faut faire : là, c'est l'imbécile qui regarde le doigt en disant qu'il y a un problème avec les socialistes et le Qatar, alors que le problème concerne les ingérences à l'égard de tout le monde. Je suis incapable de vous dire si cela ne concernera pas demain quelqu'un de mon groupe politique – j'espère que non. Je préfère prendre des précautions pour que cela n'arrive pas plutôt que de me dire que c'est le problème de trois personnes chez les sociaux-démocrates. Je ne l'accepterai pas. Par ailleurs, certains se sont peut-être fait prendre et d'autres non, je n'en sais rien. Ce serait trop facile, et vraiment de la politique politicienne : je déconseille de décrire les choses ainsi, et en tout cas, je ne le ferai pas.

S'agissant du financement des partis politiques, je sais que le Rassemblement national dit et répète, comme le Front national avant lui, que ce n'est pas de gaieté de cœur qu'il est allé se financer à l'étranger, que c'est parce qu'il n'arrivait pas à le faire en France. Comment se fait-il que Nathalie Arthaud et Éric Zemmour se financent en France ? Y aurait-il un grand complot des banques françaises, animé par je ne sais qui, puisque c'était avant Emmanuel Macron et ensuite, pour que seuls le Rassemblement national et le Front national auparavant ne puissent pas se financer dans notre pays ? J'ai du mal à le croire. Je n'aime pas le conspirationnisme, je l'ai dit. Y aurait-il un lien avec les problèmes de gestion du Front national, avec la mise en examen de son trésorier ? Je n'en sais rien. Je constate que seul le Front national a fait la démarche d'aller en dehors de l'Union européenne pour se financer, dans un pays très particulier et très ingérant, qui est la Russie, et je constate aussi que les positions du Rassemblement national sur des sujets tels que la Crimée, le Donbass ou le cas de Boris Nemtsov sont les mêmes que celles de la Russie. Il y avait donc, probablement, une sympathie qui a conduit à cela, et je ne vois pas en quoi la banque de la démocratie aurait changé quoi que ce soit. Ce qui change quelque chose, évidemment, c'est la force du Rassemblement national dans l'Assemblée nationale aujourd'hui, mais je ne vois pas en quoi la question de la banque de la démocratie aurait quoi que ce soit à voir avec les ingérences étrangères.

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