Je voudrais revenir à ce que vous avez dit à propos de l'influence chinoise. La question se pose – et elle n'est pas rhétorique – de savoir comment nos démocraties font la différence entre, d'une part, les sujets sur lesquels il est légitime de s'interroger et de débattre, sur la base de faits, et, d'autre part, l'intox, la manipulation de l'information, voire la diffusion d'informations totalement fausses.
Vous l'avez dit, le narratif honteux, ignoble utilisé à propos de l'invention supposée du sida a été copié par le régime chinois. Quoi qu'il en soit, des questions ont été posées concernant l'origine du covid. Je n'ai aucun avis sur le sujet : je m'en remettrai au consensus de l'OMS ou à ce que dira l'État. On s'était interrogé à propos de l'existence d'un certain laboratoire. On a ensuite considéré que cela relevait de la fausse information. Entre-temps des mesures avaient été prises sur la base de cette fake news. Finalement, le débat a été rouvert, et je ne sais pas où en sont les choses.
Si je cite cet exemple, c'est pour montrer à quel point il est parfois difficile de lutter contre les fausses informations et d'établir les faits. Je ne donne de leçons à personne ; si j'aborde le sujet, c'est pour que nous avancions, que nous réussissions à construire ensemble, en tant que représentants de la nation, quelque chose qui soit utile pour nos compatriotes, ainsi que pour nos partenaires occidentaux et d'autres démocraties dans le monde. Lorsqu'un problème surgit dans un régime autoritaire, toute enquête internationale objective et scientifique y est extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible.
Outre votre expérience de parlementaire européenne, vous avez été ministre. À ce titre, vous avez aussi connu certains ressorts de l'État que pour ma part j'ignore. D'après votre expérience, comment peut-on, s'agissant de sujets aussi délicats, à la fois laisser l'intelligence humaine prospérer, enquêter, étant entendu que le doute est un des fondements de notre civilisation – je parle du doute constructif et rationnel, pas du doute délirant –, et lutter contre les fake news ? Les maladies et les épidémies suscitent l'inquiétude ; elles activent des réactions sensibles chez tout un chacun.