Les réseaux sociaux nous offrent le pire comme le meilleur. S'ils sont vecteurs d'échanges, de connaissances, d'idées et d'opinions dans le monde entier, leur raison d'être n'est pas la philanthropie. Les réseaux sociaux sont d'abord des entreprises, dont le modèle économique repose sur la publicité. Un tel modèle induit un ciblage précis des utilisateurs, qui sont considérés comme des consommateurs dont le profil et les données personnelles sont exploités. Pour générer des revenus, ce modèle suppose en outre que la publicité soit vue. Les réseaux sociaux font donc en sorte de valoriser les contenus qui suscitent l'engagement des utilisateurs et les font rester en ligne. Leurs algorithmes visent à nous exposer le plus possible à la publicité et à tous les contenus qui rémunèrent la plateforme, y compris de manière insidieuse par le biais des placements de produits et des partenariats. Notre attention est devenue un vaste marché, version 2.0 du « temps de cerveau humain disponible » selon la formule d'un ancien PDG de TF1.
Je m'interroge sur la réglementation actuelle de la publicité en ligne, probablement insuffisante, et je souhaitais connaître votre avis sur l'état du droit. En matière de protection des mineurs – au sens de la majorité numérique –, quelles actions envisagez-vous de déployer pour que nos enfants ne soient pas « les grandes victimes de la société numérique », pour reprendre l'expression que vous avez utilisée ce matin sur Europe 1 ?