Premièrement, il faut comparer le chiffre global de la féminisation des armées non pas avec celui des institutions civiles, mais plutôt avec ceux des armées des autres pays. Sur ce plan, des progrès ont été faits et la France se situe, selon les comptages, entre la troisième la quatrième place.
Deuxièmement, dans la réalité du modèle militaire, l'accès au généralat suppose d'avoir été colonel et, pour atteindre ce grade, d'avoir été préalablement lieutenant-colonel, et ainsi de suite au long du cursus honorum. Il faut donc améliorer le recrutement initial. En l'état du vivier, l'objectif d'un doublement du nombre d'officiers généraux féminins d'ici à 2030 ne peut être atteint. Du reste, le terme même de « général » est imprécis, car un général peut avoir entre deux et cinq étoiles. Il faut donc également travailler sur la situation aux postes sommitaux. Après avoir pu proposer au Conseil des ministres d'attribuer, pour la première fois, la cinquième étoile à une femme officier général, j'espère pouvoir le faire à nouveau prochainement.
Pour en revenir à l'amendement, doubler la part des femmes dans le généralat d'ici à 2030 supposerait d'introduire des logiques de quotas et une réforme de l'École de guerre, c'est-à-dire un modèle entièrement différent. Je suggère de ne pas toucher à l'étape du cursus comprenant le diplôme d'état-major et l'École de guerre, qui concerne le niveau des lieutenants-colonels et colonels, mais de travailler plutôt sur l'amendement proposé par Mme Laetitia Saint-Paul, qui tend à revenir au modèle initial.
Il s'agit surtout d'être à l'écoute des femmes engagées, car certaines de celles qui ont été nommées officiers générales ces dernières années ne sont pas allées au bout de leur engagement, et j'ai demandé à l'une d'entre elles d'identifier les raisons pour lesquelles elles ont anticipé leur départ en deuxième section – ce qui explique du reste que la Cour bouge un peu.