Il faut gagner la bataille de la fidélisation et de l'attractivité : je suis favorable à l'amendement. Cette bataille a aussi trait au modèle d'armée – sur le terrain, les réponses à la question de savoir pourquoi chacun s'est engagé sont à cet égard éloquentes, différentes de celles que l'on entend dans d'autres pays pas si éloignés. S'y ajoute la particularité du statut de militaire et ses effets sur les proches et les familles.
Le ministère des armées sait embaucher, mais a du mal à fidéliser : l'attractivité pose problème non à l'entrée, mais ensuite. Il faut y travailler dans le détail. Il est difficile d'avoir un discours global : la situation varie en fonction des armées, des grades, des spécialités – services de renseignement compris.
Il ne faut pas opposer l'indemnitaire et l'indiciaire. Ils finissent tous deux sur le bulletin de solde. Des efforts importants ont été consentis pour la partie indemnitaire dans le cadre de la LPM en cours, mais le gros de ces efforts – les trois quarts du demi-milliard que représente la NPRM, la nouvelle politique de rémunération des militaires – ne sera ressenti qu'en fin d'année par nos soldats. Dans l'armée de terre, la prime de combat est attendue et se remarquera – c'est la fameuse troisième marche de la NPRM.
Je réfute l'idée qu'une LPM indiciaire devrait succéder à une LPM indemnitaire. Cette approche scolaire serait totalement inefficace. Les mesures indiciaires doivent s'emboîter dans les dispositions indemnitaires.
L'augmentation de 3,5 % du point d'indice de la fonction publique était très bienvenue dans l'armée.
Le vrai chantier qui nous attend concerne l'indiciaire. Il ne relève pas du domaine de la loi, mais le principe des lois de programmation militaire est que le Gouvernement donne au Parlement les orientations à venir, en l'occurrence celles qui seront prises dans le cadre de notre dialogue avec le CSFM (Conseil supérieur de la fonction militaire) et d'autres organisations.
Nous avons un énorme problème de progressivité. D'abord dans la troupe, compte tenu du niveau du Smic. Ensuite, chez les sous-officiers : d'un côté, même si tout est lié, les sous-officiers subalternes – sergents et sergent-chefs, seconds maîtres ; de l'autre, les sous-officiers supérieurs – adjudant-chefs et majors. Les premiers souffrent du tassement des grilles indiciaires au fil du temps, qui dissuade un caporal-chef de devenir sous-officier. Y remédier est essentiel pour l'attractivité, la justice, la rémunération en fonction du risque et du mérite. Enfin, les officiers, notamment subalternes, sont concernés par le même phénomène. Priorité absolue, ce chantier doit être ouvert dès le début de la nouvelle LPM, qui consacre aux mesures RH 10 milliards de plus que la précédente.