Sur ce point, je tiens à vous faire part de trois exemples assez parlants. Aujourd'hui, un administrateur de l'État qui commence sa carrière atteint la première échelle lettre après dix ans. À l'inverse, il faut vingt ans à un major d'une grande école militaire (Saint-Cyr ou l'École navale) pour atteindre le même niveau d'indice.
Après vingt ans de service, l'écart indiciaire est de trois entre le niveau d'exécution (catégorie C) et l'administrateur de l'État de catégorie A en milieu de parcours. Par comparaison, l'écart indiciaire de solde de base brute est de 2,2 entre le soldat de première classe avec deux ans de service et son colonel ou capitaine de vaisseau, commandant du régiment ou commandant de son navire.
Le dernier exemple concerne un colonel avec trente ans de service, qui a connu une dizaine de mutations avec changement de résidence, a exercé des responsabilités d'encadrement et de conception en état-major à Paris. Quand il partira à la retraite, son niveau de pension sera, à 200 euros près, celui d'un major de la gendarmerie.
Il existe clairement un tassement des grilles indiciaires au sein du ministère des armées, qui n'est plus tenable car il démotive les meilleurs, notamment quand, entre 40 et cinquante ans, ils comparent leur situation à celle de catégories socioprofessionnelles équivalentes. Nous nous orientons donc vers un affaiblissement des armées, car les meilleurs partiront au bout d'un moment pour rejoindre des employeurs leur offrant des rémunérations à la hauteur de leurs ambitions et de leurs niveaux de compétence.