Les articles de la LPM que nous avons mentionnés doivent nous permettre de recenser beaucoup plus rapidement les sources et les auteurs des actions d'espionnage industriel par cyberattaque.
En matière de soutien à l'économie de guerre, la LPM offre aux entreprises les moyens de faire face à des attaques qui ne sont pas d'ordre cyber : leur vulnérabilité tient aussi à des aspects de prédation boursière ou de mise en cause de leurs activités, y compris sous l'angle judiciaire, en tirant parti d'une application extraterritoriale d'un droit national.
Les menaces à l'encontre de la sécurité économique pour nos entreprises sont de natures très variées : outre les cyberattaques, l'espionnage peut simplement être le fait de stagiaires ou de visiteurs présents dans les entreprises. Dans ce domaine, il est très difficile d'agir : d'ailleurs, je suis moins inquiet pour le CEA, Thalès, Safran ou Airbus – qui se montrent vigilants – que pour les TPE ou les PME. En effet, certaines d'entre elles produisent des pièces spécifiques qui sont utilisées par de grandes entreprises pour fabriquer nos matériels militaires ou de dissuasion nucléaire. Or, ces entreprises n'ont pas suffisamment conscience de la nécessité de se protéger et nous peinons à les convaincre de procéder aux investissements nécessaires. La première étape est de les doter de vrais informaticiens, de les inciter à procéder à des sauvegardes et d'inviter le personnel à opter pour des mots de passe réellement sécurisés. Nous réalisons un immense travail sur ce sujet, à la fois à travers France Relance pour aider des entreprises et en liaison avec les collectivités territoriales par le biais des Computer Security Incident Response Teams (Csirt) régionaux.
La LPM est orientée sur les aspects militaires. Nous travaillons sur les crédits Lopmi du ministère de l'intérieur, qui proposent des dispositifs au sein de la gendarmerie ou de la police nationale pour aider, protéger et renforcer les services d'enquête. Notre travail consiste aussi, par le biais du Colise, à éviter le rachat de ces pépites françaises par des entreprises étrangères.
Enfin, nous travaillons avec le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, avec son haut fonctionnaire de défense, pour convaincre les chercheurs que la science n'est plus universelle : leurs travaux de recherche doivent bénéficier à la France plutôt qu'à une puissance étrangère qui tenterait de s'emparer de leurs travaux.
Nous nous sommes d'ailleurs demandé si les textes en matière de sécurité économique ou de soutien à l'économie de guerre ne devraient pas intégrer des mesures plus coercitives vis-à-vis de certaines entreprises ou certains laboratoires de recherche. Nous ne l'avons pas fait, car nous pensons que nous pouvons les convaincre de mieux se protéger : mais chacun doit rester attentif.