Mais, chers collègues, acceptez-vous d'être angoissés comme le commandent la raison et la fonction que vous occupez ? Je crois que, malheureusement, beaucoup ici préfèrent l'inconscience à l'angoisse, l'inconscience qu'est ce refus de considérer les alertes du pire : Kychtym, Three Mile Island, Saint-Laurent-des-Eaux, Tchernobyl ou encore Fukushima.
À propos de Tchernobyl, il faut rappeler que 600 000 liquidateurs ont été mobilisés pour gérer les conséquences de la catastrophe, que plus de huit millions de personnes ont été exposées aux radiations en Biélorussie, en Ukraine et en Russie, et qu'aujourd'hui un million de personnes vivent encore dans des zones contaminées et que des milliers de kilomètres carrés sont impropres à la vie humaine ; personne ne pourra vivre autour de la centrale pendant encore plus de 20 000 ans. Le nombre total de victimes est toujours impossible à connaître avec précision, mais les estimations indépendantes comptabilisent sur le long terme des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de morts ! En France, officiellement, Tchernobyl n'a eu aucune conséquence… À l'époque, les autorités ont même dit en substance : « Circulez, y a rien à voir. Le nuage radioactif s'est arrêté aux frontières. » C'était un mensonge bien sûr, mais le nucléaire a besoin du mensonge pour être accepté.