On fait appel à la nostalgie des anciens et à l'envie de croire qu'il existerait une solution magique pour résoudre tous nos maux, afin de ressusciter tant bien que mal le mythe du nucléaire et de faire croire que, comme dans les années 1970, la France devrait sa grandeur au nombre de ses réacteurs, grâce auxquels nous pourrions aisément continuer à produire, consommer, gaspiller comme avant.
Nous ne sommes plus dans les années 1970. Le climat s'emballe déjà ; les répercussions n'épargneront pas les centrales. Sans eau, elles ne pourront pas fonctionner ; inondées, elles deviendront un vrai danger. Ce constat était au fondement des nombreux amendements que nous avions déposés : vous les avez tous rejetés, à l'instar de l'interdiction de construire de nouvelles centrales en zones submersibles, que notre collègue Monique de Marco avait fait adopter à l'unanimité au Sénat. Vous êtes dans le déni de réalité. C'est particulièrement visible concernant la sûreté. Certes, prolonger la durée de vie des centrales au-delà du raisonnable et valider la construction de plus de réacteurs que la filière n'en peut construire, selon ses dires, suppose du temps. Oui, l'énergie nucléaire doit aller de pair avec l'exigence de sûreté. Peut-être est-ce pour cette raison que vous avez tenté par tous les moyens de démanteler l'IRSN, sans succès, fort heureusement. Vous avez tout de même autorisé l'ASN à recruter des contractuels, fragilisant l'indépendance de notre sûreté.
Tout au long de l'examen de ce texte, le groupe Écologiste a été force de proposition, car nous défendons l'intérêt général, qui suppose la victoire dans la bataille du climat. Or vous le savez, ce texte abscons qui ne berce d'illusions que ceux qui ont désespérément envie d'y croire, qui ne contient aucune solution pour remplacer les énergies fossiles, ne servira aucune victoire.
Vous préférez voter, avec ceux qui nient encore la réalité du réchauffement climatique et prônent le démantèlement des énergies renouvelables, une loi technique consacrée au nucléaire, qui ne résoudra aucun des problèmes de la filière ; face aux défis qui s'imposent à nous, elle restera un vœu pieux et désuet.
Madame la ministre, dans la crise énergétique et climatique que nous traversons, comptez-vous réellement vous passer d'une loi de programmation énergétique ? Est-il possible en 2023 de ne se fixer aucun objectif en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre ? Certes, aujourd'hui, vous gagnerez un vote, mais demain, si vous voulez construire une majorité volontaire pour relever ce défi majeur qui devrait toutes et tous nous rassembler, c'est vers l'autre côté de l'hémicycle qu'il faudra vous tourner. En effet, notre assemblée dispose bel et bien d'une majorité favorable à une programmation construite sur les piliers de l'efficacité énergétique, de la sobriété et du déploiement massif des énergies renouvelables.