Le Président de la République l'a affirmé à plusieurs reprises : il est indispensable de dégager du temps de soins face aux patients, en repensant notre organisation de manière coopérative. Pendant plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont formé de moins en moins de soignants à la faveur d'économies budgétaires insidieuses qui n'ont eu pour résultat que la fragilisation de notre système de santé.
De nombreux praticiens arrivent aujourd'hui à l'âge de la retraite et les nouvelles générations ne sont pas assez nombreuses pour compenser leur départ. Pour les patients, cela se traduit par des difficultés croissantes à trouver un médecin traitant, d'autant que le maillage de notre territoire est particulièrement inégal en la matière.
Alors que nous vivons plus longtemps et que les virus circulent plus rapidement, il est nécessaire de répondre aux inquiétudes des Françaises et des Français et de satisfaire leur volonté d'être reçus dans les meilleurs délais et de bénéficier de soins de qualité. Il est également indispensable de répondre aux inquiétudes et à l'épuisement de nos soignants, qui ont besoin de retrouver du sens à leur métier. Le constat est unanime : il faut soigner plus tout en soignant mieux.
Nous avons déjà collectivement agi en ce sens. C'est le fil rouge de la politique de rénovation du système de santé que le Gouvernement et la majorité soutiennent depuis 2017, et c'est pourquoi le budget de la santé a augmenté de 50 milliards d'euros depuis 2020. C'est dans ce but que nous avons supprimé le numerus clausus et soutenu des innovations telles que la télémédecine, mais également voté l'augmentation du nombre de soignants et leur revalorisation.
Il est pourtant nécessaire d'aller plus loin et de réfléchir plus globalement à la revalorisation de nos professions de santé, à la liberté et à la confiance qui pourraient leur être accordées, et surtout à un partage de compétences qui soit efficace.
C'est dans cet esprit que notre collègue Stéphanie Rist a défendu cette proposition de loi. La délégation de tâches entre les professionnels et l'accès direct à certains d'entre eux doit s'inscrire strictement dans le périmètre des compétences déterminées par les diplômes des professionnels concernés.
Des dispositions, telles que la condition de l'inscription de l'accès direct dans le projet même des CPTS, ont été prises afin de rassurer les diverses parties prenantes, particulièrement les médecins généralistes dont le rôle central a été réaffirmé. C'est ainsi que cette proposition de loi a été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale, puis elle a obtenu le soutien d'une large majorité au Sénat après la suppression totale de l'accès direct dans les CPTS. En CMP, députés et sénateurs ont trouvé un compromis – et je salue l'esprit de dialogue et de responsabilité qui a dominé les débats.
Si le groupe Renaissance regrette que l'accès direct en CPTS n'ait pas été pleinement retenu, nous saluons l'adoption de cette mesure par voie d'expérimentation dans six départements. Nous avons la conviction que ces expérimentations permettront de rassurer et d'encourager le volontarisme des professionnels de santé à s'engager dans la voie de l'accès direct pour les masseurs-kinésithérapeutes, les orthophonistes et les IPA.
Cette proposition de loi comporte également des avancées de bon sens, basées sur la confiance dans les compétences de nos professionnels de santé : les pharmaciens pourront renouveler les traitements chroniques en cas d'indisponibilité du médecin prescripteur ; dans le cadre de l'expérimentation, les pharmaciens biologistes pourront pratiquer le prélèvement cervico-vaginal réalisé pour le dépistage du cancer du col de l'utérus ; les préparateurs en pharmacie pourront administrer certains vaccins. De telles mesures concourront à améliorer la réponse de soins pour les Françaises et les Français, mais également à renforcer les actions de prévention.
Le groupe Renaissance apportera donc à nouveau tout son soutien à ce texte de progrès, fruit de multiples concertations et compromis. Nous croyons aux compétences des professionnels de santé, à leur capacité à travailler ensemble dans l'intérêt des patients, et surtout à la nécessité de décloisonner le système de santé.