J'avais rappelé notre volonté d'améliorer la formation des IPA, en rendant son contenu accessible dans tous les territoires. J'avais cependant émis, au moyen de mes amendements, plusieurs réserves à l'égard des dispositions proposées, à commencer par la création de deux types d'IPA, praticiens et spécialisés, qui a suscité flou et incompréhension. Le Sénat n'a pas maintenu cette distinction : c'est une sage décision.
De même, j'avais souligné que l'ouverture de la primo-prescription aux IPA n'était pas une disposition anodine et qu'elle devait être strictement encadrée. La concevoir dans un exercice coordonné, encadré par un protocole, est un gage indispensable à la qualité des soins que nous prodiguons ; cela doit permettre d'éviter la création d'une médecine à deux vitesses. L'encadrement a heureusement été renforcé, mais je pense qu'il demeure insuffisant : la primo-consultation par un IPA doit être suivie d'une consultation par un médecin généraliste traitant.
Enfin, l'accès direct aux IPA et aux autres professions concernées par cette proposition de loi doit garantir la sécurité du patient et son parcours de soins. L'intégration des CPTS dans le dispositif n'était pas opportune et la CMP l'en a retirée ; je me félicite d'avoir été entendu sur ce point.
J'en termine avec deux aspects plus sensibles encore, que je n'ai pas manqué de pointer du doigt. D'une part, la notion de responsabilité collective, qui pesait sur les soignants, a été supprimée par le Sénat ; c'est heureux. D'autre part, l'instauration d'une permanence des soins pose de réelles questions quant à son effectivité, en particulier après l'échec des négociations conventionnelles.
Si certaines de mes réserves ont été levées, d'autres demeurent. Mon inquiétude principale est que nous abordions la problématique de l'accès aux soins par l'accumulation de dispositifs insuffisants face à l'ampleur du défi. Pire, je crains que nous débattions de mesures au mieux peu utiles, au pire contre-productives. Il y a quelques semaines, on nous expliquait que des étudiants de médecine au niveau bac + 9 devaient effectuer une année supplémentaire pour mieux soigner ; aujourd'hui, on nous dit que des professionnels de santé diplômés de bac + 3 à bac + 6 seront en mesure de prodiguer les mêmes soins. Je crois que ce n'est pas lisible.
De même, je crois que nous manquons notre cible en n'axant pas nos efforts sur la simplification administrative, sur la revalorisation des prestations médicales et sur le financement du système de santé. C'est pour ces raisons qu'à titre personnel, je ne voterai pas ce texte. Le groupe LIOT note cependant la manière dont sa rédaction a évolué lors de la CMP, qui l'a amendé de façon positive sur de nombreux points ; par conséquent, une majorité de mes collègues le soutiendra.