Pour aborder un débat sur les finances publiques, il nous faut partir de quelques chiffres clé. À la fin de l'année 2022, notre situation était la suivante : une dette publique de 2 950 milliards, qui représentait 111,6 % de notre PIB. Il faut y ajouter une charge annuelle de 46,3 milliards, soit près de cinq fois le budget que nous consacrons à la justice. Le déficit public s'établissait à 4,7 % du PIB. Soyons lucides : la situation de nos finances publiques est préoccupante.
Bien sûr, cette situation est en partie le résultat de la stratégie du « quoi qu'il en coûte » choisie pour protéger, en priorité, nos concitoyens du chômage, et préserver leurs emplois. Cette stratégie a prouvé son efficacité puisque les chiffres du chômage ont continué de baisser malgré les fortes perturbations économiques liées tant à la crise sanitaire qu'à la guerre en Ukraine.
L'objectif de protéger notre économie et l'emploi des Français a été atteint, mais les contraintes que nous faisons peser sur le budget de l'État ne sauraient être extensibles. Il nous appartient désormais, collectivement, de remettre de l'ordre dans nos comptes publics. S'il ne fallait l'illustrer que par un seul chiffre, ayons bien en tête que sous l'effet de la seule remontée des taux d'intérêt, nous consacrerons plus de 70 milliards à la charge de la dette en 2027 si nous ne faisons rien. Cela nous priverait d'autant de moyens pour investir dans l'avenir, en finançant l'éducation de nos enfants, notre santé ou la transition écologique.
Certains prétendront qu'il suffirait d'annuler notre dette. Mais ces propos sont tout simplement irresponsables et mensongers. Il ne s'agit pas non plus de dire que tout endettement est néfaste, car c'est l'endettement qui permet d'investir dans l'avenir. Cependant il doit être maîtrisé, contenu et supportable.
La récente décision de l'agence Fitch d'abaisser la note de la dette française rappelle que notre fort endettement nous place dans une situation de vulnérabilité par rapport à des acteurs extérieurs, tels que les agences de notation ou les détenteurs de notre dette. Il nous expose à une possible dégradation de nos conditions d'emprunt et donc de financement.
Par ailleurs, au lendemain de la Journée de l'Europe, je rappelle que nous appartenons à une union économique et monétaire et qu'à ce titre, nous sommes tenus de respecter des règles communes. Nous ne pouvons nous y soustraire au mépris de nos engagements et des efforts réalisés par nos voisins.
La trajectoire esquissée par le programme de stabilité 2023-2027 est ambitieuse, mais elle est surtout nécessaire, parce que nous ne pouvons plus nous payer le luxe de continuer à dépenser par la création de dette nouvelle. Chaque dépense nouvelle doit être compensée, c'est une règle absolument nécessaire que nous devons désormais nous imposer collectivement.
Je tiens à affirmer, au nom du groupe Horizons, que nous sommes parfaitement conscients que mener une politique de maîtrise de la dépense publique constituera un exercice exigeant de gouvernance. Il nous faudra du courage politique et une vision claire.
Il ne s'agit pas d'une cure d'austérité, contrairement à ce que certains aiment à crier. Nous devons toujours mettre à l'épreuve l'efficience de la dépense publique.