Le problème est que les Français n'ont plus confiance : ni dans vos incantations au dialogue qui se terminent toujours par un 49.3, ni dans vos prévisions, ni dans votre parole. Or on ne construit pas la France de demain contre les Français, on ne bâtit pas des orientations avec une France désorientée. L'agence Fitch en a d'ailleurs tiré des conclusions et a abaissé la note de la France à AA –.
Il faut redonner espoir aux Français, par des actes forts. Vous dressez, à travers le programme de stabilité, une trajectoire qui se veut garante du redressement des finances publiques. Pourtant, cette trajectoire n'est pas forcément réaliste. Le Haut Conseil des finances publiques, qui n'est pourtant pas votre plus farouche opposant, indique lui-même que vos prévisions sont, je cite, « optimistes » pour 2023 et 2024 et que le scénario pour 2025 à 2027 est nettement plus favorable que celui de la Commission européenne. Il ajoute que vos hypothèses reposent sur un « effort de maîtrise de la dépense inédit » mais très « partiellement documenté[s] » et sur une hausse de la consommation des ménages nettement supérieure à celle enregistrée avant la crise sanitaire.
Comment tabler sur une hausse de la consommation sans confiance, alors que les Français sont de plus en plus nombreux à avoir du mal à boucler leurs fins de mois et à s'inquiéter pour leur avenir ? Comment tabler sur une maîtrise inédite de la dépense, face aux besoins que vous avez rappelés, monsieur le ministre délégué, en faveur des hôpitaux, de l'éducation, du patrimoine, et face à des lois de programmation qui comportent, à juste titre, des hausses sensibles de dépenses ? Bien sûr, il faut redresser nos finances. Mais pour ce faire, il faut des remises à plat profondes, à même de créer de nouvelles recettes et de réduire les dépenses inutiles.