Le groupe MODEM votera évidemment pour ce texte, de même que l'immense majorité des membres de notre assemblée. En guise de contribution au débat, je voudrais signaler un élément essentiel : le caractère effrayamment moderne de la toxicité du groupe Wagner, qui révèle une double dérive de la société internationale. La première réside dans le règne de la communication. Ce qui distingue la violence de cette organisation d'une brutalité simple, ordinaire, classique, banale, c'est le fait qu'elle soit mise au service d'une stratégie d'intimidation, de désorganisation et de contrainte, qu'elle devienne un instrument de communication – violence et communication, c'est la marque du terrorisme.
La seconde, comme le rappelait à l'instant Jean-Louis Thiériot, consiste en une tendance extrêmement développée à l'irruption dans la vie internationale de comportements mafieux – à ce que des acteurs mafieux acquièrent le statut d'acteurs tout court et remettent en cause l'autorité des États, naguère détenteurs incontestés de la violence légitime. Bien sûr, Wagner dépend des Russes et de M. Poutine, mais le pouvoir de M. Poutine est-il finalement autre chose qu'une dérive mafieuse de l'État de Pierre le Grand ?