Nous nous retrouvons sur la nécessité de faire respecter le droit international et dans la volonté de lutter contre une situation qui fait de la Méditerranée un des plus grands cimetières marins qui soit. A ce propos, l'ONU vient de déclarer que le premier trimestre de cette année est dans la Méditerranée le plus meurtrier depuis 2017, c'est dire à quel point il y a urgence à agir. Mais là où je ne vous suis plus, c'est qu'il me semble que penser que le symptôme est la cause, conduit à passer à côté des moyens qui nous permettent de lutter contre ce qui arrive. Or, c'est le postulat que vous faites dans cette proposition de résolution. Les ONG ne sont pas fautives, ce n'est pas à elles de respecter le droit. Ce sont elles qui pallient le devoir non rempli par les États, les gouvernements dans le respect, l'accueil et le traitement des personnes.
En revanche, ce qui est problématique, c'est qu'il y a des milliards d'euros qui financent des pays où la démocratie n'est pas au cœur des gouvernements, puisque les traités permettent de sous-traiter l'accueil des personnes à certains pays comme la Turquie et la Lybie. Ces pays pratiquent cet accueil parce qu'elles reçoivent une compensation financière qui permet de cacher des économies qui s'écroulent, ou d'autres choses, et de bafouer les droits humains en écrasant littéralement les personnes qu'elles sont censées accueillir en notre nom. Ces actes sont perpétrés en notre nom et financés en notre nom. Cela est très documenté et criminel : c'est notre responsabilité.
On refuse d'agir, quand je dis « on », c'est la France et ses autorités, d'autres ont du courage : la Corse a proposé plusieurs fois de sauver la vie de ces personnes. Parce que c'est cela dont on parle : sauver la vie de personnes.
On peut également évoquer d'autres sujets : comme tous les moyens que l'on a pour agir en amont afin de faire en sorte qu'il n'y ait pas de plus en plus de migrants climatiques, en changeant notre façon de consommer et de produire pour éviter que demain il y ait encore plus de personnes qui fuient une immense misère et qui sont dans l'incapacité de survivre sur leurs terres. Mais il y a aussi un devoir diplomatique de ne pas financer l'extraction d'uranium quoi qu'il en coûte ou de ne pas permettre que des pays continuent à perpétrer des régimes totalitaires qui font fuir les gens ici parce qu'ils n'ont pas d'autres choix s'ils veulent rester en vie.