Intervention de Boris Ravignon

Réunion du mercredi 12 avril 2023 à 9h40
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Boris Ravignon, proposé aux fonctions de président du conseil d’administration de l'Ademe :

Les habitants de Charleville-Mézières ont été nombreux à me remercier d'être resté maire malgré ma nomination à la tête de l'Ademe. Je continue à en recevoir quarante d'entre eux lors de chacune de mes permanences, que j'assure désormais le week-end. Être « à portée de baffe » me permet d'enrichir ma compréhension des enjeux locaux. Sans mon attachement aux habitants de Charleville-Mézières, je n'insisterais pas autant pour respecter l'engagement que j'ai pris à leur égard.

Les demandes d'accès au Fonds vert sont révélatrices d'une anxiété des élus locaux, qui, confrontés à la hausse des prix de l'énergie, veulent financer des projets de rénovation thermique de leurs bâtiments, de modernisation de l'éclairage public ou préparer l'obligation du tri des biodéchets. Plus de 10 000 dossiers ont été validés, et un nombre similaire est en cours d'examen. L'ouverture de cette facilité financière, à la main des préfets, a démontré son utilité : elle semble mieux comprise par les élus locaux que certains appels à projets que nous lançons. Par ailleurs, un système de plafonnement a été établi afin que certaines politiques ne puissent bénéficier qu'aux plus petites communes : ainsi, les aides sur l'éclairage public ne peuvent être attribuées qu'aux collectivités de moins de 10 000 habitants.

L'enveloppe de 2 milliards d'euros sera en effet consommée : un tel succès pose en effet la question du dimensionnement et de la pérennisation de cet outil.

La presse m'a décrit comme pronucléaire en raison de mon soutien à l'implantation d'un EPR à Chooz il y a quelques années. Lorsque le Président de la République a annoncé sa volonté de relancer le nucléaire en février 2022, nous avons – avec l'ensemble des élus départementaux, les parlementaires et le soutien du président du conseil régional – réaffirmé notre désir d'accueillir cet EPR. Je suis désormais président de l'Ademe : si un virage doit être amorcé, il sera modéré, car je ne cherche pas à imposer mes propres convictions, mais à faire travailler les équipes de l'Ademe dans un état d'esprit dépourvu d'idéologie. Le nucléaire fait partie des options énergétiques qui sont sur la table. Le récent rapport d'une commission d'enquête a démontré que les zigzags politiques sont préjudiciables. Dans tous les cas, nous devons développer massivement les énergies renouvelables : les EPR n'apporteront pas de réponse immédiate à nos besoins d'électricité, qui vont augmenter en raison de la décarbonation de la société : les énergies renouvelables seront de toute façon indispensables.

Nous devons signer une convention avec le Cerema. Une réunion devrait avoir lieu prochainement pour établir un comité exécutif commun afin de mieux articuler nos travaux respectifs.

Notre communication, notamment sur notre offre de formation, est en effet insuffisante. Pour y remédier, nous cherchons notamment à améliorer nos sites internet, afin qu'ils répertorient non seulement les aides de l'Ademe, mais aussi celles offertes par l'État et les collectivités. Notre objectif est d'en faire de véritables portails de réponse à toute question de la part des entreprises et des collectivités sur la manière de mener la transition écologique.

La rénovation des logements est sans doute le chantier du siècle. Chaque année jusqu'en 2050, 700 000 logements doivent être rénovés au niveau du label bâtiment basse consommation (BBC). La trajectoire est loin d'être respectée. Nous devons d'abord simplifier l'offre des outils existants. Par ailleurs, les financements sont insuffisants. L'Ademe est persuadée que les banques de réseau doivent jouer leur rôle : des produits de financement doivent être distribués largement pour permettre à nos concitoyens de financer ces travaux, qui représentent à terme un gain grâce aux économies d'énergie réalisées.

Enfin, s'agissant de la ruralité, nous avons en effet jusque-là travaillé avec les collectivités les plus volontaristes en matière de transition écologique : nous devons désormais aider celles qui manquent de moyens pour avancer.

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