En recevant l'annonce de votre audition par la commission – la même qu'il y a quatre mois –, j'ai d'abord cru à un bug ; j'y vois désormais une forme de gag. À peine nommé, vous devez recandidater au même poste, devant les mêmes commissions, en vous appuyant sur la même lettre de recommandation du Président de la République – mais avec un maigre bilan, puisque vous n'êtes resté que deux mois aux commandes. Quel amateurisme dans la gestion de cette succession à la présidence de l'Ademe ! L'agence, minée par une instabilité chronique à sa tête et encore marquée par la démission surprise d'Arnaud Leroy, n'avait pas besoin de cela. Comment le Gouvernement, qui n'a songé à nous proposer un successeur qu'au bout de six mois, n'a-t-il pas anticipé un tel pataquès ?
Les statuts étaient pourtant connus à l'avance : ne suffisait-il pas de les relire pour les appliquer efficacement ? En réalité, cet exercice contraint de renomination ne vous rend pas service : en décembre, vous n'aviez obtenu votre validation qu'à cinq voix près, et avec un bilan négatif de vingt-neuf voix pour et trente-trois voix contre ; et c'est devant cette commission que vous avez sauvé votre candidature.
À l'époque, on vous avait notamment reproché votre choix de cumuler la présidence de l'Ademe avec votre mandat de maire et de président d'agglomération. Vous aviez dit que vous exerceriez vos mandats locaux sur votre temps personnel : qu'en pensent les habitants de Charleville-Mézières et d'Ardenne Métropole ? Depuis, vous n'avez pas changé d'avis et estimez que la situation est tout à fait satisfaisante du point de vue de l'Ademe et qu'elle vous permet de garder un ancrage local. Vous comprendrez que la défense d'un tel point de vue, auprès de représentants de la nation élus auxquels il a été interdit de cumuler le mandat de député avec des fonctions exécutives locales, est particulièrement maladroite.
Vous avez par ailleurs pris des mesures pour annuler vos indemnités d'élu local et réduire votre rémunération à l'Ademe. Nous le saluons, mais que cela ne soit pas un prétexte pour laisser le travail à votre directrice générale déléguée !
Enfin, concernant les soupçons de conflits d'intérêts, vous dites avoir pris vos dispositions. Cela empêchera-t-il vos adjoints ou collaborateurs, bien informés par vous, de tenter de défendre des intérêts à votre place ?