Les mots ont un sens. La Première ministre, lors de sa déclaration de politique générale, le 6 juillet dernier à l'Assemblée nationale, a annoncé son intention de nationaliser EDF. Or une opération de nationalisation consiste à transférer à la collectivité nationale la propriété des moyens de production privés afin de transmettre à la nation le pouvoir sur une ou plusieurs entreprises, en l'occurrence EDF, des moyens de production ou des branches de l'économie.
Bien évidemment, lorsqu'elle a prononcé ce mot que l'ensemble des Français a entendu, nous avons tous pensé que le Gouvernement s'engageait dans la bonne voie, alors que la guerre en Ukraine faisait rage, que les tarifs de l'énergie explosaient et que nous perdions de notre souveraineté énergétique. Nous nous sommes également dit que c'était là le meilleur moyen de retrouver la maîtrise de notre énergie et de faire enfin les bons choix – hélas, le Gouvernement a préféré le nucléaire aux énergies renouvelables, mais nous ne l'avons appris qu'après.
Néanmoins, étant d'une nature, non pas soupçonneuse, mais attentive, nous nous sommes vite rendu compte qu'il manquait quelques mots essentiels dans ce texte et nous nous sommes pris à douter de la réelle volonté du Gouvernement de nationaliser EDF. Philippe Brun et l'ensemble de nos collègues de la NUPES étaient tout aussi dubitatifs. De fait, il s'est avéré qu'il s'agissait d'une recapitalisation, ce qui laissait ouverte la possibilité de démembrer le groupe EDF au profit d'intérêts privés.