Nos débats ont été très généraux. Pour ma part, je souhaiterais parler de ce que vivent concrètement nos concitoyens.
Depuis la discussion en première lecture, plusieurs centaines de boulangeries ont fermé. Dans ma conscription, des villes de 10 000 habitants vont ainsi se retrouver sans commerce.
Je vous parlerai de Yassine et de sa femme, qui travaillent quatre-vingts heures par semaine, se paient un Smic à deux et vont arrêter leur activité ; de Sophie, qui ne se paie plus depuis un an au moins ; de la boulangerie de la gare de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, qui a vu ses factures passer de 5 000 à 20 000 euros. Il n'est pas vrai que ces entreprises peuvent dénoncer les contrats : on leur inflige des pénalités exorbitantes.
Il y a aussi des PME en souffrance dans l'agroalimentaire et dans l'industrie. Je vous ai déjà parlé de l'entreprise Velcorex, en Moselle, seul fabricant de velours made in France, qui a investi depuis dix ans des dizaines de millions d'euros dans des machines pour continuer à produire et qui va également mettre la clé sous la porte si rien ne se passe.
Tous les jours, je reçois des dizaines de messages de petits commerçants qui observent nos débats, ont suivi ce qui s'est passé au Sénat et attendent que nous les sortions de cette situation. Celle-ci n'est d'ailleurs pas normale : autant il y a un problème, effectivement, en ce qui concerne le gaz, car nous l'importons, autant, en matière d'électricité, il ne devrait pas en aller de même, car EDF produit 85 % de l'électricité en France et l'État a racheté les actions du groupe. Le coût de la production de l'électricité, lissé sur trois ans, s'élève à 70 euros le mégawattheure ; cette année, il était aux alentours de 100 euros le mégawattheure. Il n'est donc pas normal que des contrats proposent un prix de vente de plus de 1 000 euros le mégawattheure.
Les marges des fournisseurs dits alternatifs, comme TotalEnergies ou Engie, ont explosé. Cela non plus n'est pas normal.
Oui, nous revenons à la charge avec cette proposition de loi ; oui, nous demandons qu'il se passe quelque chose, car, à la fin, ce sont les PME ou les consommateurs qui trinquent.