Intervention de Damien Bon

Réunion du jeudi 13 avril 2023 à 14h00
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Damien Bon, ancien président-directeur général de la plateforme Stuart France :

Les débats en cours portent effectivement sur un allègement des critères d'obtention de la capacité de transport, dans certaines situations. Je crois savoir que cette discussion anime également la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM). Je ne connais pas les pratiques d'Uber et de Deliveroo mais Stuart constate que très peu de micro-entrepreneurs disposent d'une capacité de transport.

S'agissant des revenus, nous avons toujours eu à cœur de ne pas baisser la rémunération de nos partenaires. La pratique à laquelle vous faites référence est sans doute plus liée aux politiques d'Uber et de Deliveroo. Je les laisse vous répondre à ce sujet mais j'imagine que leur raisonnement se fonde sur les effets d'échelle : lorsqu'une plateforme enregistre plus de volumes et de courses de livraison, elle est capable d'offrir plus d'opportunités de livraison. Elle cherche donc à baisser les prix, selon l'effet d'échelle ou de réseau. Chez Stuart, nous avons été très largement opposés à cette démarche et nous avons au maximum évité de modifier les tarifs.

À ma connaissance, dans l'intermédiation en temps réel, la rémunération de la course est plus élevée chez Stuart que chez toutes les autres plateformes. Nous avons opéré un ajustement de rémunération en Angleterre en passant d'un modèle de paliers à un modèle linéaire mais, en France, nous avons très peu ajusté la politique tarifaire, en cherchant à maintenir un tarif plancher, y compris pour des courses de très courte distance, à l'inverse de très nombreuses autres plateformes.

Enfin, il faut insister sur la liberté d'acceptation de la course, qui est loin d'être un faux argument. En effet, seulement la moitié des courses sont acceptées en première demande ; ce qui signifie naturellement que 50 % d'entre elles sont refusées. Cette statistique est éloquente : les micro-entrepreneurs ou sociétés de transports sont libres d'accepter ou de refuser les courses, sans être sanctionnés. Encore une fois, chez Stuart, le prix est synonyme d'un prix-plancher et d'un revenu de 7 euros par course, quand les autres acteurs sont en moyenne entre 4 et 5 euros. Ceci n'est pas neutre, d'un strict point de vue économique : le coût que nous répercutons aux utilisateurs de la plateforme est nécessairement plus élevé. Mais je ne crois pas que le mécanisme de compression tarifaire des livreurs partenaires puisse être appliqué chez Stuart.

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